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Philippe Chabalier, patron de la station de la Société nationale de sauvetage en mer du Marin

Philippe Chabalier, de la SNSM : « La plage du Diamant n'est pas une plage dangereuse »

Propos recueillis par Hanna Roseau
Pour Philippe Chabalier, il est essentiel de bien se renseigner sur les conditions météo du jour avant de se baigner à la plage et d'alerter au moindre signe de détresse d'un baigneur en appelant de 196.
Pour Philippe Chabalier, il est essentiel de bien se renseigner sur les conditions météo du jour avant de se baigner à la plage et d'alerter au moindre signe de détresse d'un baigneur en appelant de 196. • KARINE SAINT-LOUIS-AUGUSTIN

Il y a 7 jours, un couple de vacanciers de 77 et 81 ans est mort noyé au Diamant.Un drame qui rappelle à quel point la prudence doit rester de mise. Les bénévoles de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) qui sont intervenus pour leur porter secours en appellent aussi aux autorités locales. Philippe Chabalier, patron station SNSM du Marin fait le point.

On considère souvent la plage du Diamant comme une plage dangereuse. Est-ce vraiment le cas ?

La plage du Diamant n'est pas une plage dangereuse, c'est une plage où il faut être un peu plus attentif, mais ce n'est pas la seule. La plage des Salines, par exemple, est dans le même cas. La vague est plus prononcée au Diamant qu'aux Salines, mais aux Salines, à environ 150 mètres du bord, il y a un courant qui tire au large qui peut être parfois très puissant. On ne s'en rend pas compte, mais on voit de manière régulière des gens qui ont du mal à revenir sur le rivage. Pour moi, la plage la plus dangereuse aujourd'hui en Martinique, c'est celle de l'anse Trabaud. Il y a peu d'incidents parce qu'elle est beaucoup moins fréquentée que les autres, mais elle est très dangereuse ! Il y a des moments de la journée, avec les marées hautes et marées basses où les courants vont être plus importants. En Martinique, il y a deux marées hautes et deux marées basses. Une petite et une grande à chaque fois. Visuellement, on ne va pas s'en rendre compte, car il y a peu de variations de la hauteur d'eau entre marée haute et marée basse. C'est de l'ordre de 20 à 50 cm donc on ne réalise pas vraiment, contrairement à l'Hexagone. Et puis après, à certains endroits de la plage, les courants vont être différents par rapport à la forme du récif. Quand on va se retrouver près de l'anse Cafard, le courant va retourner d'un côté. Quand on est plus au centre, il va tirer vers le large. Ce n'est pas quelque chose de figé. À 50 mètres près, il peut être différent. Et puis nous parlons de mer dangereuse, mais rappelons également que l'état de la personne a aussi son importance. Un accident peut arriver si la personne est fatiguée, alcoolisée ou en raison d'un choc thermique par exemple...

  

Philippe Chabalier, patron de la station SNSM du Marin.
Philippe Chabalier, patron de la station SNSM du Marin. • DR
 

 

Quelles sont donc les précautions à avoir ? 

Concernant la mer, il faut en premier lieu regarder la météo, c'est indispensable.

Nous sommes peu à le faire avant d'aller à la plage...

Absolument ! Presque personne ne le fait en dehors des professionnels de la mer. Pourtant, l'information est accessible. Il y a dans tous les médias un bulletin d'information météo. Il faut savoir, avant de partir, quel est l'état de la mer, s'il y a une alerte, quel va être éventuellement le pavillon dressé par Météo France. Tout cela va donner de précieuses indications. Ces conseils sont valables pour les touristes comme pour les habitants de l'île.

Si, comme ça a à nouveau été le cas la semaine dernière, le baigneur se retrouve en difficulté en mer, quels sont les réflexes à avoir ?

Quand on s'éloigne du bord, le principe est souvent de se dire qu'on doit revenir là où on a pied. Le problème, c'est qu'on nage, on nage et on se fatigue, car on est à contre-courant. Quand on lutte comme ça, cela réduit considérablement l'espérance de vie. Quand on est en pleine possession de ses moyens, on essaie de nager un peu, mais dès qu'on sent les premiers signes de fatigue, on donne l'alerte et on flotte sur le dos. Il faut alerter dès le début, car si on est fatigué, on n'a plus la force d'agiter les bras et de crier et donc on sera moins visible des autres personnes sur la plage ou même des bateaux.

C'est ce qui s'est passé le week-end dernier ?

Alors, l'enquête est toujours en cours, mais ce que je peux vous dire, c'est que nous, nous avons été alertés par le Crossag. Nous nous sommes rendus sur la zone grâce à notre nouveau semi-rigide, beaucoup plus rapide que la vedette et qui nous permet, sur ce type d'intervention, d'arriver très vite sur des sites un peu plus éloignés de notre base. Sur cette intervention par exemple, nous avons mis 15 minutes en partant du Marin. À notre arrivée sur place, une personne avait été retrouvée à terre par les équipes de recherche terrestre et nous, nous sommes entrés en contact avec la personne qui était dans l'eau. Cette personne a été prise en charge par nos équipes et celles du Dragon 972. Elle a été ramenée sur la terre ferme. Malheureusement, l'alerte avait été donnée trop tard. J'en profite pour indiquer qu'il faut prévenir les secours en composant le 196 dès que l'on pense une personne en difficulté. Il ne faut pas attendre d'en être sûr. Quand on attend 15, 30 minutes, 1 heure, c'est autant de temps que la personne passe dans l'eau.

Tous ces messages, ces conseils, les baigneurs, qu'ils soient encore sur la plage ou dans l'eau y sont encore très peu sensibilisés...

Tout à fait ! Pour moi, la plus grosse problématique aujourd'hui, c'est la prévention. Il y a un manque de prévention en général, toutes communes confondues. À la SNSM, nous avons parlé de ce sujet à de nombreuses reprises. Nous sommes tout disposés à mettre en place des choses, des structures, que ce soit préventives ou curatives sur ces problèmes là. C'est notre cœur de métier, nous avons l'habitude et nous savons faire. Aujourd'hui, les communes, surtout les communes du sud, qui sont les plus fréquentées, sont de petites communes avec énormément de plages. On ne peut pas dire au maire du Diamant : « Vous vous rendez compte, la plage n'est pas surveillée. » Nous savons que cela engage des frais très importants. Pour autant, il y a des choses à faire, des dispositifs qui existent. Il faut que tout le monde se mette autour d'une table et que l'on trouve des sources de financement pour sécuriser les lieux. Quand la baignade est surveillée avec un poste de secours, on va voir le drapeau hissé, on va voir les sauveteurs passer sur la plage et faire de la prévention. Et puis c'est leur travail d'être là pour surveiller et détecter les cas potentiellement dangereux ou problématiques. Quand les municipalités ne disposent pas d'une telle installation, il peut y avoir un panneau « baignade non surveillée » mais, là encore, il doit y avoir un travail de prévention à faire pour que chacun comprenne ce que cela signifie. Il est aussi possible de délimiter des zones de baignade surveillée comme c'est le cas à la plage de Pointe-Marin, à Sainte-Anne. Ce sont des espaces sécurisés et bien balisés. Pour en sortir, on s'accroche à la corde qui relie les bouées entre elles. La commune a également ajouté des bouées à 300 mètres, ce qui donne des indications de distance. Visuellement, ce n'est pas très joli, mais à un moment donné, il faut faire des choix. Combien vaut la vie humaine ? C'est cette question qu'on doit se poser.
 
 
 
Pour Philippe Chabalier, il est essentiel de bien se renseigner sur les conditions météo du jour avant de se baigner à la plage et d'alerter au moindre signe de détresse d'un baigneur en appelant de 196.
Pour Philippe Chabalier, il est essentiel de bien se renseigner sur les conditions météo du jour avant de se baigner à la plage et d'alerter au moindre signe de détresse d'un baigneur en appelant de 196. • Karine Saint-Louis-Augustin

Quel bilan pour la SNSM cette année ? 

Jusqu'à début décembre, avec 205 heures d'engagement comptabilisées, la SNSM a participé au secours de 81 personnes en mer. 136 personnes ont été assistées par les membres de l'association en Martinique. Elle est le premier partenaire du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage Antilles-Guyane (Cross-AG). Cette année, ce dernier a procédé à 1842 interventions. De son côté, la SNSM a reçu du nouveau matériel cette année, après avoir renouvelé une partie de sa flotte à Fort-de-France et au François, l'an passé. C'est notamment le cas à la SNSM du Marin, qui a connu la livraison d'un semi-rigide en provenance de Saint-Tropez. La station de Fort-de-France, quant à elle, a connu le démantèlement de la vedette SNS 427. « Nous sommes dorénavant bien équipés aux quatre coins de l'île, explique Pierre Parent, le délégué départemental. Tous les moyens de la SNSM en Martinique sont opérationnels. » 

En 2025, l'association attend l'amélioration des conditions d'accueil de la station de Case-Pilote, mais aussi la réfection du bâtiment de celle de Fort-de-France. Ce dernier avait été touché par un incendie.

D'autres projets sont déjà en réflexion pour 2026. 


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