Le premier des Pen Duick entame sa quatrième vie dans les eaux de Lorient



Comme l’exige la tradition, un bouquet de fleurs avait été frappé sur le bout-dehors de Pen Duick pour sa mise à l’eau.
Comme l’exige la tradition, un bouquet de fleurs avait été frappé sur le bout-dehors de Pen Duick pour sa mise à l’eau. 
Après avoir été mis à l’eau samedi puis mâté lundi dans le port de La Base-Lorient, le premier des Pen Duick entamera mardi sa quatrième vie, après avoir été sauvé trois fois déjà par son ancien propriétaire, Eric Tabarly. Cette fois, c’est la femme de l’« Idole des houles », Jacqueline, et sa fille, Marie, qui ont orchestré cette restauration totale de la « Petite tête de mésange noire » au chantier du Guip de Brest.

Lundi, midi, dans le bassin d’honneur de La Base-Lorient : à l’abri des alvéoles géantes jadis destinées aux sous-marins et à quelques encablures à peine de ces nouveaux géants des mers que sont les Ultims, Imocas et autres engins à foils, Pen Duickreçoit son mât sur lequel viendront bientôt s’endrailler grand-voile à corne, flèche, foc, trinquette et / ou foc ballon pour le portant. Au total, pour le près, la mésange à tête noire si chère à Eric Tabarly pourra comme jadis porter jusqu’à 160 m2.
« Ce chantier de rénovation totale nous a finalement pris près de 18 mois, soit environ 13000 heures de travail », explique Louis Mauffret, l’un des responsables brestois du chantier du Guipinternationalement réputé pour l’extrême fidélité de son travail de construction et de restaurations, partielles ou totales, de vieux gréements.

13000 heures de travail

« Ce serait vraiment exagéré de comparer notre travail à celui de restauration d’une cathédrale, par exemple, mais c’est vrai qu’il y a un peu de ça quand même. C’est toujours plus simple, et souvent moins cher, de construire une réplique neuve d’un vieux gréement, ajoute-t-il. Dans ce cas précis, nous y avons passé 13000 heures mais s’il fallait construire un Pen Duick tout neuf, parfaitement dans l’esprit, il faudrait compter environ 20000 heures, tout compris. »
Le budget de cette rénovation aura été de 700000€ mais Yann Mauffret est incapable, sur le vif, de donner un devis pour la construction d’une réplique neuve mais dans l’esprit de ce premier du nom. « Ce que je sais, à la base, c’est que la construction d’une coque pontée et structurée représente un tiers du travail total. Quand on est sur de la restauration, on ne sait pas toujours précisément où l’on va et à quel rythme. Il faut marier les bois pour que rien ne bouge ensuite » précise-t-il.
Après 18 mois dans le chantier du Guip, Pen Duick avait fait sa première sortie, la semaine dernière, dans les rues de Brest pour rejoindre Lorient. | CHRISTIAN LE MOAL
Pour financer ce chantier de titan, Jacqueline et Marie Tabarly, actuelles propriétaires de Pen Duick, ont bénéficié d’aides institutionnelles à hauteur de 70 % du budget total. C’est une campagne de financement participatif sur la plateforme GwenneG, via un compte dédié, qui a permis de trouver une partie du reste grâce à la contribution, finalement, de près de 700 particuliers.
« Mais il nous reste 150000€ à trouver, précise Jacqueline Tabarly qui a créé une association avec sa fille Marie pour collecter ces fonds et en assurer la parfaite gestion. Notre appel aux dons est plus que jamais d’actualité, même si l’essentiel est fait puisque le voilier d’Eric est de nouveau sur l’eau, prêt à naviguer. Le travail a été fait comme Eric l’aurait voulu. Il faut savoir mémoire garder et c’est pour cela que je me bats. Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. »

Les cinq autres portent un numéro.

Jacqueline et Marie savent aussi, ou à peu près, où ira désormais Pen Duick dont il est de mauvais ton, entre gens de mer, de préciser qu’il s’agit du N°1. Si les cinq autres voiliers noirs d’Eric Tabarly portent un numéro, de 2 à 6, celui-ci, c’est la tradition, c’est Pen Duick. C’est tout.
C’est « tout », mais c’est beaucoup pour ce voilier de légende dessiné en 1898 par l’architecte écossais William Fife, troisième du nom, et depuis le bord duquel Eric Tabarly tomba en mer dans la nuit du 12 au 13 juin 1998 alors qu’il se rendait justement en Écosse, pour fêter le centenaire de sa construction de son voilier chéri.
Malgré la pluie, ils étaient plusieurs centaines, samedi, à assister à la mise à l’eau de l’aîné de la lignée des Pen Duick. | ???
Avec ses 15m10 de long pour à peine à peu plus de 10 à la flottaison et juste un peu moins de 3 mètres pour son maître-bau, la tête de mésange noire voguera désormais partout où ses 2m20 de tirant d’eau lui permettront d’aller, à la vitesse qui lui conviendra. Inutile en effet de rechercher des hautes vitesses pour ce Pen Duick réputé très bon marcheur au près mais dont les 11 tonnes supportent difficilement la comparaison, par exemple, avec les 16 tonnes de l’Ultim de 32 mètres de long d’Yves Le BlevecActual Leader , qui avait justement été mis à l’eau au même endroit exactement, une semaine plus tôt jour pour jour.







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