Mort d’Olivia Newton-John : retour sur le phénomène “Grease”, à redécouvrir sur Netflix

Jacques Morice

1978, c’était le raz-de-marée de la « Greasemania ». Les grands magasins débordaient de blousons en Skaï noir et de badges (très larges !) à l’effigie du gominé John Travolta et de la délicieuse Olivia Newton-John. Les mômes, entre 10 et 15 ans, jambes écartées et doigt pointé vers l’avant, mimaient chez eux les danses du film en s’égosillant sur son tube et ses fameux « Hou ! hou ! hou ! » suraigus. La question, pour ces teen-agers en culottes courtes, n’était plus de savoir s’ils avaient vu le film mais combien de fois ils l’avaient vu. Réalisé par Randal Kleiser, Grease a rapporté plus de 340 millions de dollars de recettes, et sa bande originale s’est vendue à plus de 20 millions d’exemplaires. Rien qu’en France, il rassemble plus de 6 millions de spectateurs. Comment expliquer un tel triomphe ? On a beau chercher une raison sociologique (la jeunesse en mal d’idoles ? le début de la crise ?), on en revient finalement à la formidable efficacité d’une pure opération commerciale. Il y a en premier lieu la touche rétro de la fin des années 1950, temps béni de l’insouciance et du rock naissant, un filon très prisé depuis American Graffiti et la série Happy Days



Dopé par ce succès, le producteur, Robert Stigwood, figure influente de l’industrie du disque et du musical (TommyJesus-Christ superstar…), décide en compagnie d’Allan Carr, autre « machine à fric » du show-biz, de réitérer l’opération. En sortant dans la foulée un produit encore plus payant : une adaptation cinématographique de Grease, un spectacle de Broadway qui marche du tonnerre depuis 1972…

Touche rétro

Réalisé par Randal Kleiser, Grease a rapporté plus de 340 millions de dollars de recettes, et sa bande originale s’est vendue à plus de 20 millions d’exemplaires. Rien qu’en France, il rassemble plus de 6 millions de spectateurs. Comment expliquer un tel triomphe ? On a beau chercher une raison sociologique (la jeunesse en mal d’idoles ? le début de la crise ?), on en revient finalement à la formidable efficacité d’une pure opération commerciale. Il y a d’abord la touche rétro de la fin des années 1950, temps béni de l’insouciance et du rock naissant, un filon très prisé depuis American Graffiti et la série Happy Days. Second atout : la musique. Un mixage improbable mais efficace de rhythm’n’blues, de disco et de boogie-woogie, qui se contrefiche de l’authenticité historique. Et puis il y a, bien sûr, le sex-appeal de Travolta en clone d’Elvis et le joli minois d’Olivia Newton-John, qui interprète la collégienne modèle, avec ses socquettes blanches et sa queue-de-cheval enrubannée. Ne pas oublier les quelques petites notes salaces pour exciter l’ado pubère (« secouer le bonhomme » pour parler d’onanisme !), et le tour est joué.

 Olivia Newton-John et John Travolta dans « Grease », de Randal Gleiser.

Olivia Newton-John et John Travolta dans « Grease », de Randal Gleiser.

Paramount

À l’époque, la critique avait descendu en flammes un film qui pique ses idées à droite et à gauche, de La Fureur de vivre à West Side Story… « Scénario débile… Ballets sans invention… Rien à sauver…  » En le revoyant aujourd’hui, on peut se laisser aller à un plaisir second degré. Au-delà des deux ou trois séquences montées comme des clips de tubes, on savoure la dégaine de Travolta, qui se déhanche comme s’il était constamment sur ressorts, sans que l’on parvienne à déterminer si c’est de l’autoparodie ou non. Entre autres séquences bidonnantes : le « blouson noir » qui s’essaie au sport et le numéro, clairement parodique celui-là, de Stockard Channing (qui joue « la méchante » de l’histoire) raillant les comédies aseptisées de la décennie précédente…


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