SAISON CYCLONIQUE 2022
Une saison cyclonique 2022 « atypique »
La saison cyclonique 2022, qui vient de s'achever, est assez proche des normales. Si elle a été relativement calme pour la Martinique, la Guadeloupe a été durement touchée par la tempête Fiona. On fait le bilan.
Quatorze. C'est le nombre de phénomènes nommés* durant cette saison cyclonique 2022 dans la Caraïbe. 6 tempêtes tropicales et 8 ouragans ont été enregistrés. « C'est tout à fait conforme au nombre d'une année normale, dans la moyenne des 30 dernières années. C'est assez proche des normales », assure Alain Muzellec, responsable de service de prévision à Météo-France Martinique. Parmi les 8 ouragans, il y a eu 2 ouragans majeurs (soit de catégorie 3, 4 et 5) de catégorie 4. Une année normale est composée de 3 ouragans majeurs. Le chiffre de cette année est donc légèrement inférieur sur la moyenne des 30 dernières années. Les conséquences du réchauffement climatique sur les ouragans sont des ouragans majeurs plus importants. Mais le réchauffement climatique n'a peu eu de conséquences pour la saison cyclonique 2022 parce que les conditions n'étaient pas réunies. « On a eu une saison cyclonique relativement atypique dans le sens où on a connu des mois de juillet et août sans phénomène. Avoir un mois d'août sans aucun phénomène, c'est rare. Les phénomènes ont repris début septembre. La saison cyclonique 2022 s'est pratiquement concentrée sur septembre et octobre. Il y en a eu un petit
peu fin juin et en novembre », développe Alain Muzellec. On a eu aussi 2 dépressions tropicales non nommées.
Fiona et Ian, deux ouragans majeurs dévastateurs
Focus sur les 2 ouragans majeurs Fiona et Ian. On va se souvenir de Fiona sur l'arc antillais et en particulier en Guadeloupe.
La tempête tropicale Fiona (le premier stade des phénomènes nommés) est passée sur la Guadeloupe du 16 au 17 septembre 2022. Elle n'était pas très virulente au niveau du vent mais cette dernière était accompagnée de beaucoup de pluies. C'était un phénomène très actif en termes de précipitations. L'essentiel des pluies est passé sur la Guadeloupe. En quelques heures, on a atteint des quantités de pluies très importantes. Les premières précipitations ont été mesurées à la Désirade, avec des intensités de l'ordre de 100 millimètres en 1h. Cela n'a pas duré très longtemps sur la Désirade heureusement. Ensuite, les Saintes et le sud de la Basse-Terre ont été les plus touchées par les précipitations. On a atteint des valeurs qui avoisinent les 500 millimètres. Ce sont des quantités extrêmement fortes. Avec des dégâts considérables sur les infrastructures, les ponts, les maisons, etc. Il y a eu 2 morts en Guadeloupe.
Par la suite, Fiona s'est renforcée en mer Caraïbe et a atteint assez vite le stade d'ouragan.
Cet ouragan de catégorie 1 a frappé l'ouest de Porto-Rico puis la République dominicaine et les provinces de l'Atlantique du Canada. Il est remonté vers le Nord et a continué de se renforcer en atteignant le stade d'ouragan majeur jusqu'à finir en catégorie 4 en mer, avec un vent maximal de 215 km/h. Entre le 14 et le 27 septembre 2022, Fiona a tué 31 personnes et causé plus de 3 milliards de dollars de dégâts.
Mais c'est bien Ian qui a été l'ouragan le plus dévastateur dans la Caraïbe. C'est un phénomène qui a touché beaucoup de terres entre le 23 septembre et le 2 octobre 2022. En premier lieu, il a heurté l'ouest de Cuba, au stade d'ouragan. Il a généré des dégâts sur cette partie-là. Ian a continué sa trajectoire en remontant vers le Nord et s'est dirigé vers la Floride en se renforçant jusqu'à la catégorie 4, où il a été extrêmement dévastateur, avec un vent maximal de 250 km/h. Il a frappé ensuite la Caroline du Sud, au stade de tempête tropicale forte. L'ouragan Ian a causé la mort de 148 personnes et engendré plus de 67 milliards de dollars de dégâts.
La Martinique assez épargnée
Au niveau de l'arc antillais, 3 phénomènes ont été recensés. Premièrement, une onde tropicale fort active, fin juin, sur le sud de l'arc antillais. Cette onde tropicale s'est accompagnée de précipitations dans sa partie nord et de vents relativement soutenus. Cela a généré un renforcement inhabituel des vents et quelques précipitations sur pratiquement l'ensemble de l'arc. La Martinique était placée en vigilance jaune. Ce phénomène s'est dirigé vers l'Est, tout en restant dans le Sud. Il est devenu le phénomène appelé Bonnie. Le deuxième phénomène, début septembre, a été nommé Earl. Il s'agissait d'une onde tropicale active qui s'est rapprochée vers le nord de l'arc et s'est rapidement intensifiée au stade de tempête tropicale. Earl est passée à 100 km de Saint-Martin et Saint-Barthélemy. « On n'a eu que des effets périphériques. Quelques précipitations et rafales de vent à 90 km/h sur ces îles. » Le dernier phénomène est Fiona, le plus dévastateur. En dehors de Fiona pour la Guadeloupe, peu de phénomènes très impactants nous ont finalement concernés. « On a eu surtout beaucoup d'ondes tropicales relativement actives qui se sont succédé et qui ont apporté à fréquence rapprochée beaucoup d'épisodes pluvieux, avec de nombreuses vigilances (jaunes ou oranges). Mais pas de quantités de pluies très importantes », indique le responsable de service de prévision à Météo-France Martinique. Malgré quelques inondations, éboulements ou coulées de boue, la Martinique a été assez épargnée pendant cette saison cyclonique.
« On peut considérer qu'on passe désormais dans le Carême. On ne voit plus de risque d'ouragan. Les conditions ne sont pas réunies », déclare-t-il. Concernant les prévisions pluviométriques pour les 3 mois à venir, « on est dans des valeurs très proches des normales ». « On devrait avoir un Carême dans la norme, avec des épisodes pluvieux pas très marqués et de moins en moins fréquents. Le Carême est propice a un déficit pluviométrique », conclut Alain Muzellec.
*Sont nommés les phénomènes à partir du stade de tempête tropicale.
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