RAMSÈS II
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Avec Toutankhamon et Cléopâtre, il est sans aucun doute, l’une des figures historiques les plus connues de l’Égypte. Ramsès II est mis à l’honneur dans une exposition événement qui ouvre ce vendredi 7 avril 2023 à Paris. Au moins 145 000 billets ont déjà été vendus, signe de la fascination importante qu’il exerce, même plus de 3 000 ans après sa mort.
Mais qui était-il vraiment ? Pourquoi fascine-t-il encore ? Nous avons posé la question à Bénédicte Lhoyer, égyptologue, spécialiste de Ramsès II et conseillère scientifique de l’exposition. Grande spécialiste de ce pays, Bénédicte Lhoyer a publié le 5 avril un livre consacré au pharaon, Ramsès II par Secrets d’Histoire – Aux origines de la légende, aux éditions Larousse.
Quand il monte sur le trône, c’est déjà un Dieu
Quelles sont les origines familiales de Ramsès II et pourquoi arrive-t-il au pouvoir ?
On sait que Ramsès II a dû naître aux alentours de 1 305 avant Jésus-Christ. Il naît sous le règne de Horemheb, le dernier pharaon de la XVIIIe dynastie qui était auparavant le général de Toutankhamon et qui lui avait succédé puisque ce dernier n’a pas eu d’enfant. Horemheb non plus n’avait pas d’enfant donc il a transmis le pouvoir à son meilleur ami Ramsès Ier. Et ce dernier avait déjà un fils (Séthi Ier) et un petit-fils (Ramsès II).
Ils descendaient d’une famille de la noblesse composée de très grands militaires. Ils sont originaires du Delta, c’est-à-dire du nord de l’Égypte, et ils descendent de syro-palestiniens. C’est ce qui explique que Ramsès II était roux. Le pouvoir est donc passé de Ramsès I à son fils Séthi Ier puis au fils de ce dernier, c’est-à-dire Ramsès II.
Quand Ramsès arrive au pouvoir en tant que pharaon en 1279 av J-C à l’âge de 25 ans, il est donc déjà préparé ?
Oui, il est ultra-préparé. On pourrait presque dire qu’il a un master royauté ! Sous son grand-père et sous son père, Ramsès II a vu ce que signifiât exercer le pouvoir. On avait fait de lui un vizir donc il a gravi en quelque sorte les échelons du pouvoir. Il a compris à ce moment-là tous les arcanes de l’administration et il a su s’entourer des bonnes personnes pour le seconder. Il était donc prêt à faire face à toutes les menaces qui pesaient sur le royaume égyptien, pour finalement atteindre une sorte d’apogée.
Dans quel état se trouve l’Égypte lorsque Ramsès II devient pharaon ?
À ce moment-là, le territoire de l’Égypte est absolument immense et ses frontières sont menacées. Les Égyptiens essaient de garder la mainmise sur le Levant, qui concentre toutes les routes commerciales qui mènent vers les principaux gisements de matière (étain, argent, cuivre…). Mais plusieurs petits royaumes changent d’allégeance au gré de la situation. Il se retrouve alors en conflit avec les Hittites, un empire concurrent. Ramsès va sortir avec son armée et va tomber droit dans un piège pendant la bataille de Qadesh. On va lui faire croire que les Hittites sont loin alors qu’ils sont juste à côté. Mais Ramsès va réussir à consolider ses positions et les armées égyptiennes ont fait une marche forcée la nuit. Finalement, cela aboutit à un traité qui va permettre au Proche-Orient d’être en paix pendant plus de 40 ans, ce qui est extrêmement rare à l’époque.
Est-ce à ce moment que naît la légende du grand guerrier qu’était Ramsès II ?
Oui. Il voulait faire passer le message de grand roi guerrier et du pharaon. Donc on voit des scènes de guerre mettant en scène Ramsès II sur la plupart de ses monuments. Ce côté visuel a beaucoup marqué et a permis de bâtir cette image de guerrier qui fait partie de l’apanage royal.
Mais le grand paradoxe, c’est que Ramsès II se représentait tout le temps comme un guerrier sur son char en train de tuer des milliers de personnes, mais en fait en réalité, c’est plutôt le roi de la paix. Il a fait la guerre pendant dix ans au début de son règne, et après c’était quasiment la paix tout le temps.
Un des autres traits associés à Ramsès II est son côté bâtisseur. Est-ce aussi un fantasme ?
En 67 ans de règne, l’Égypte a été un chantier absolu. Elle était très riche à ce moment-là donc elle avait les moyens de bâtir des monuments et des villes. Ramsès va faire émerger une nouvelle capitale dans sa région de cœur, le Delta, la ville de Pi Ramsès. Il faut imaginer une capitale qui sort de terre avec des palais, des temples, des obélisques, des colosses absolument immenses, des quartiers d’habitation, ainsi qu’un très grand quartier industriel. Cela devait être une ville incroyable à voir…
Il fait aussi construire un temple à Abydos, son temple funéraire sur la rive gauche de Thèbes, le pilonne du temple de Louxor avec la cour et les deux obélisques [dont une est aujourd’hui Place de la Concorde à Paris], et les temples d’Abou Simbel qui sont deux temples faits pour Ramsès II et sa femme. Abou Simbel est un vrai temple à sa gloire : il a été fait par Ramsès II, pour Ramsès II et avec Ramsès II.
Il y a encore des choses à découvrir sur Ramsès II. On est en train de compléter de petits bouts de puzzle qui nous manquent
En tant qu’égyptologue, est-ce facile de travailler sur Ramsès II ? Y a-t-il beaucoup de sources ?
Il y a énormément de choses que l’on connaît déjà. Il y a une foule de texte, il y a donc de très très bons livres qui ont été écrits sur Ramsès II et beaucoup de travaux d’égyptologues sur le sujet. Je pense par exemple à Ramsès II. La Véritable Histoire de Christiane Desroches-Noblecourt, Ramsès II, le pharaon triomphant de K.A. Kitchen, ou encore Ramsès II : Souverain des souverains de Bernadette Menu…
Mais il y a encore des choses à découvrir sur Ramsès II. Là, on est en train de compléter de petits bouts de puzzle qui nous manquent. On sait par exemple que Ramsès II a eu 110 enfants : 60 filles et 50 fils. Mais on n’est pas au bout de la liste, on sait qu’il y en a d’autres. On a juste ceux qui ont dépassé l’âge de cinq ans, mais il y en a d’autres à trouver, c’est certain.
D’un point de vue plus personnel, pourquoi vous intéressez-vous particulièrement à cette figure de Ramsès II ?
Comme je le disais, Ramsès II est ultra-connu. Donc Ramsès II est souvent une porte d’entrée vers l’égyptologie. Ça a été mon cas quand j’ai commencé à m’intéresser à l’Égypte. J’avais entre 8 et 10 ans et les premiers livres que j’ai pu lire évoquaient Ramsès II. Il y avait une vraie littérature accessible sur Ramsès II pour une petite fille.
Et puis, lors de mes examens de deuxième année à l’école du Louvre, j’ai tiré un petit papier pour savoir mon sujet d’oral est je suis tombée sur… Ramsès II ...Donc je me suis retrouvée avec la méga star, en me disant que c’était génial de tomber sur ce personnage avec beaucoup de choses à dire et un règne aussi passionnant. Quelque part, j’ai donc toujours été reconnaissante à Ramsès II pour avoir eu une super note ce jour-là [rires]. Être la conseillère scientifique d’une telle exposition, prévue pour le plus grand nombre, est donc un super grand honneur, qui permettra de montrer que cette histoire est passionnante et qu’elle appartient à toutes et tous.
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