CONFINÉE À BORD
Un p'tit post sans prétention, histoire de vous occuper. Ça tombe bien on a le temps.
La nuit tombe, assise sur le roof de mon Afrodite je regarde la pénombre s'installer. Il fait un petit vent délicieusement frais, ça fait du bien. Un petit vent, pour nous voileux, voyageur, c'est un appel à remonter l'ancre, à hisser la gv et se préparer à bouger... Crise oblige nous restons là. L'envie nous tenaille, l'appel du large, des nuits de quart, de l'océan avec lequel composer, être à son écoute, interpréter les signes, anticiper ses humeurs, ressentir le bateau de tout ses sens, ses vibrations, son mouvement, le clapot ou les coups de boutoirs, le surf ou au contraire remonter face aux vagues, au vent, contrarier sa nature, vague après vague, lentement avancer ou au contraire forcer l'allure. Cette symbiose avec la nature et notre être, heures après heures, jour après jour. Contempler à longueur de temps les vagues, sans cesse changeantes, en direction, en hauteur, croisées ou déferlantes, se retrouver dans la pétole et pouvoir enfin se relâcher. La nuit, chercher entre les étoiles les nuages d'orage qui vont nous bousculer, sentir le vent monter, le bateau accélérer, tout à coup tout s'agiter, prendre un ris ou deux ? la mer monte, il fait nuit, on perçoit la taille des vagues à l'angle du tanguage, ou au reflet de la lune sur la crête qui déferle, ou encore juste derrière le feu de navigation arrière. tout à coup on fait encore plus corps avec son navire, il nous habite, il est une extension de nous nous-mêmes, on est lui, ou plutôt elle, car mon Afrodite est une fille.... On guette, les sens acérés, ce qui va lâcher, le pilote ? une écoute ? une drisse, le lazy ou un hauban. ? Quels moments de vie intense, notre vie entre nos mains pour moitié seulement, c'est un pari, une roulette, un travail en amont qui va être récompensé ou sanctionné, une rage de vivre et une décision personnelle d'y être. Il faut maintenant assumer et assurer, pour soi, pour les autres, pour arriver. Bien sûr une transat c'est aller dans le sens du vent, du courant, Bombard l'a fait dans un radeau ! mais nous on y est, on est là, c'est notre tour et on est seul, certains ne sont pas arrivés et on le sait, c'est un pari, une confiance en soi, en son extension, notre bateau, notre vie. Je suis assise là sur mon roof, il fait nuit et Goldman chante, je suis contente d'y être, fière, humble bien sûr, le pari est avec soi d'abord. On ne sera plus jamais les mêmes, ma petite pierre à mon édifice intérieur, ma construction intime. quel bonheur, chaque jour, chaque instant, en cette période troublée je suis habitée...
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