LA VIE EST BELLE

JEAN ET BARBARA, DES BRETONS AUX ANTILLES
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le réconfort !


ELLE EST PAS BELLE LA VIE ?







































Le Téléthon fête ses 30 ans de solidarité pour faire évoluer la recherche sur la myopathie et les maladies génétiques rares. Une mobilisation qui ne faiblit pas au cours des années.
© Téléthon Martinique
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A l'origine, c'est l'initiative de quelques parents. Voilà maintenant 30 ans que le Téléthon existe, et aujourd'hui on compte près de 200.000 personnes qui se mobilisent dans toute la France et l'Outre-mer afin de récolter des fonds pour la recherche sur la myopathie et les maladies génétiques rares.

De nombreuses associations participent aux défis sportifs et artistiques programmés pour récolter des dons, en plus des promesses formulées au 36 37.

L'année dernière en Martinique, 238.623€ ont été recueillis. Une somme qui a aidé près de 300 familles martiniquaises.















https://www.youtube.com/watch?v=ttEMYvpoR-k


Léonard Cohen 1934-2016



S’il fallait conseiller au néophyte une façon infaillible de faire connaissance avec  la musique de Leonard Cohen, on plaiderait sans hésiter pour l’écoute au casque.  Oh certes, Cohen n’est ni Pink Floyd  ni Tame Impala et attendre de la part d’un chanteur dont la voix sonne comme le tocsin un soir de brume, dont les chansons reposent sur des fondations plutôt basiques en faisant étalage d’une instrumentation souvent sommaire,  qu’il nous décoiffe ou nous blaste avec des décibels est sans doute trop exiger. Pourtant, tentez cette expérience : écoutez au casque Master Song sur l’album Songs of Leonard Cohen et vous comprendrez pourquoi la musique  de Cohen peut être une passionnante aventure sonore autant qu’un véritable gymkhana métaphysique. Il y a d’abord cette voix unique, atone mais chaleureuse, fatiguée mais sensuelle, qui établit  un rapport d’intimité immédiat, comme  si elle indiquait à la lueur d’une chandelle quelle direction prendre à un auditeur totalement largué dans les renfoncements d’un texte à la complexité labyrinthique. A cette voix se joint bientôt une chorale féminine. A moins qu’il ne s’agisse  d’un chœur d’anges tant est saisissante l’impression d’échapper soudain  à l’attraction terrestre. Rarement l’immatérialité se rendra plus audible aux pauvres mortels que nous sommes. Puis, dans le canal gauche, une contrebasse sort littéralement du bois. Mais rassurante. Puis, à environ 1 minute 30, retentissent par chapelets succincts quelques notes de trompette dans le canal droit. de la Bible ? A la toute fin il y a aussi, ajoutant de la surprise à notre parfaite désorientation, une twangin’ guitar comme volée à Duane Eddy.
Mais on est où là ? Dans quelle vallée ? A quelle contrée appartient ce paysage qui nous reste à ce point étranger  malgré son relief familier ? De quelle tradition relève cette musique ? Question sans réponse. Le Leonard Cohen musicien n’est pas plus discernable que n’est réductible à une pensée le Leonard Cohen auteur, ce grand désenchanté  dont nombre de textes cherchent malgré tout à nous faire sentir le parfum  d’un jardin secret, peut-être celui d’un paradis perdu, et dont l’œuvre dans  son ensemble ose esquisser un itinéraire inscrivant l’Homme, ce grand raté  de la Création, mais aussi son apogée, dans le cosmos par la voie de son élévation spirituelle. La bonne blague, c’est qu’à la parution de ce premier album en 1967, l’année  de Sgt. Pepper’s, des premiers Velvet, Hendrix et Doors, il a bien fallu  trouver une boîte dans laquelle ranger  ce chanteur à la tronche de Droopy  un poil trop âgé pour faire illusion dans  la grande parade pop. Alors pourquoi  pas folk ? Il plaquait des accords sur une guitare acoustique comme  Bob Dylan à ses débuts et portait des pulls à col roulé comme n’importe quel traîne-savate de Greenwich Village.  Allez hop, folk ! Pourtant, ainsi que l’écrit Jacques Vassal dès 1971 dans le premier livre  consacré au folk jamais paru en France(1), “techniquement sa musique n’a quasiment aucun lien avec l’un des quelconques folklores anglo-américains”. Le malentendu va pourtant persister, d’autant que  la reconnaissance passe par l’adaptation que fait Judy Collins, une folk-singer pour de vrai, elle, de certaines de  ses œuvres comme Suzanne ou Sisters  of Mercy.

 Que Cohen ait été signé  sur Columbia par John Hammond, qui a déniché Dylan, n’arrange rien à l’affaire. C’est du reste Hammond qui propose  ses services pour produire ce premier album. Sauf que sa vision trop “unidimensionnelle” du personnage Cohen fait échouer l’entreprise. Finalement, John Simon, producteur  de Simon & Garfunkel, est mandaté  pour terminer un travail où sera enfin retranscrite la richesse d’un univers austère en apparence, vertigineux  en vérité, pour peu qu’on lui prête l’oreille qu’il mérite. Alors quelle musique ? Quel pedigree ? Il y a bien une manière de blues  avec The Butcher sur l’album suivant  Songs from a Room – produit par  Bob Johnston, celui qui a fait le son de Highway 61 Revisited et Blonde on Blonde de Bob Dylan –, mais c’est l’exception.  Car dans l’ensemble, la démarche tend à n’embrasser aucune tradition particulière comme pour préserver une identité atypique et une liberté inaliénable.



De cette liberté, le célèbre Bird  on Wire (repris une trentaine de fois !) sera la profession de foi. D’autant  plus convaincante que Cohen n’est  pas vraiment du métier, qu’il est venu  à la chanson presque par accident,  pour profiter d’une option que lui offrait son travail de poète et d’écrivain publié dès 1956. Son passage à l’adolescence dans un groupe de country & western (les Buckskin Boys) ne laissera aucune trace, sinon quelques photos où on  le voit avec un chapeau et une veste  de trappeur. Ainsi sa quête musicale  va parfois trahir un comportement indécis et imprévisible, donnant l’impression qu’il abandonne le corps de ses chansons à la seule subjectivité de ceux qui ont  en charge de les mettre sur bande. Après Simon et Johnston, il y aura  les sublimes arrangements de cordes signés Paul Buckmaster sur Songs  of Love & Hate mais aussi la patte plus sévère de John Lissauer sur New Skin  for the Old Ceremony et Various Positions. Preuve d’un manque d’oreille dont a pu parfois faire preuve ce dernier, il faudra attendre dix ans et les versions de John Cale et Jeff Buckley pour que soit révélé en Hallelujah un pur chef-d’œuvre. Dans l’intervalle, se glisse l’invraisemblable épisode de Death of a Ladies’ Man où l’infernal Phil Spector entend imposer son Wall of Sound à l’auteur de Suzanne sous la menace d’un revolver. 
Contraindre un anorexique à engouffrer une choucroute garnie n’aurait pas été plus sadique. Dans son Leonard Cohen2, Gilles Tordjman parle d’une “daube monstrueuse”. Pourtant, malgré  sa surcharge pondérale, avec pas moins de cinquante participants dont un  Bob Dylan fort éméché dans le chœur, ce disque d’ivrognes reste d’une impérissable et attendrissante drôlerie, Cohen y atteignant deux sommets,  celui du pathétique et de l’éthylisme dans Paper Thin Hotel et Don’t Go Home with Your Hard-on. Parvenu à ce stade,  il ajoute à sa qualité de Juif errant  – et de Canadien vivant le plus souvent sur une île grecque  – une dimension erratique qui le conduira jusqu’au seuil de l’anéantissement. Mais aussi à l’une des rédemptions les plus inattendues  de l’histoire de la musique populaire. C’est à partir de I’m Your Man, en 1988, qu’il commence à remonter une pente qui ne connaîtra plus de redescente. Reste que l’esthétique choisie pour  cette restauration a eu de quoi surprendre celui qui en était resté à cette idée inadéquate d’un Cohen chanteur de ballades déprimantes pour cercles de poètes en voie de disparition. Avec sa batterie de synthétiseurs  et ses boîtes à rythmes enclenchées,  on est plus proche, en termes symbolique et sonique, d’un David Bowie période berlinoise que d’un Bob Dylan passant électrique. Dans un articledéclaration d’amour paru dans Mojo, Will Oldham (Bonnie Prince Billy pour les mélomanes) dit quant à lui que sur I’m Your Man et le suivant, le magnifique The Future, “on est plus près du r’n’b moderne que du folk”. Reste que ce caméléonisme leonardien tient la route, en défie même les chicanes, les épingles à cheveux, les sinuosités grâce à la
faculté d’adhérence de chansons dont la prise au sol devient soudain plus ferme, les trajectoires plus lisibles. Comme si, avec le temps, les virtualités illimitées d’une poésie imprégnée de Kabbale juive et de bouddhisme zen avaient fini par se décanter pour atteindre un certain degré de pureté. Ce dont va profiter cette série d’albums aux tonalités automnales,  à la sagesse rabbinique, à la parfaite répartition entre sons digitaux et analogiques, allant de Ten New Songs  à Popular Problems, pour le coup entre folk-blues patiné et lounge jazz alangui. Or, dans cette étrange odyssée,  qui a débuté avec ce premier album  si faussement folk pour s’achever  dans les catacombes d’un ultime envoi  intitulé You Want It Darker, si proche  du dénouement, il y a une constante, une seule : la chorale féminine. Cet élément récurrent, quasi céleste, Cohen ne l’a jamais envisagé en tant qu’accessoire.  Il en a fait au contraire le fond intangible, indispensable, à la bonne expression  de sa vérité musicale. A la différence  de celles de la mythologie, ces sirènes qui l’accompagnent au cours de son long et chaotique voyage ne l’entraîneront  pas au fond des mers, ne le pousseront pas à la noyade. D’une fidélité à toute épreuve, elles resteront à ses côtés, guidant chacun de ses pas, semblant lui accorder la seule bienveillance possible dans un monde si mal conçu pour  un homme tel que lui. Ainsi, dans la vie de Leonard Cohen, où l’amour est une maladie sans remède (cf. There Ain’t  no Cure for Love), les femmes resteront le seul horizon possible. Et l’auront été aussi dans sa musique. Francis Dordor

1. Folksong, une histoire de la musique populaire aux Etats-Unis (Albin Michel), 1971 2. aux éditions Le Castor Astral, 2006








 



















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