MOLIÈRE, 400 ANS, BIEN VIVANT
Molière sous toutes ses farces
Molière fait rire de tous les pouvoirs, parce qu’il ne se contente pas de les observer ou de les subir : il les comprend, les séduit, les utilise. Comment fait-il rire d’eux et que sont-ils, ces pouvoirs ? Qui habitent-ils et comment déforment-ils les hommes, les femmes qu’ils rongent ? Sous la IVe République, à une époque de grande décomposition politique et militaire, François Mauriac remarquait : «La vérité est que plus on approche du pouvoir, moins on se sent responsable.» Naturellement, quiconque a un pouvoir ne cesse d’affirmer le contraire. Molière montre à quel point il s’agit, le plus souvent, d’une farce. A travers ses patriarches avant tout, mais aussi ses veuves et ses précieuses, il met en scène la folle irresponsabilité de quiconque s’approche, dispose ou voudrait disposer d’un pouvoir. Ce pouvoir refond les caractères en les détachant de toute responsabilité, pour ne pas dire de toute conscience, vis-à-vis de ceux qui en dépendent, à commencer par les plus proches. Il fait d’une passion une idéologie intime.
On peut donc voir les choses ainsi. Harpagon n’a aucun scrupule à sacrifier sa famille et ses chevaux à son avarice. Oronte, sa variation dans les Fourberies de Scapin, laisserait volontiers son fils aux Turcs pour ne pas payer la rançon. Orgon est prêt à sacrifier femme et enfants à son amour pour Tartuffe, escroc hypocrite, faux bigot convoiteur. La pièce pourrait s’intituler : Soumission. Dom Juan sacrifie les femmes, les paysans, son serviteur, sa réputation, la mémoire de son père, tout ce qui passe à portée de son désir, à une passion orgueilleuse de la liberté. On dirait qu’à chaque instant il va lâcher une fiente sur les personnages de Corneille, avant de s’envoler vers un ciel sans dieu, moitié aigle moitié corbeau, en agitant les ailes et en riant.
Arnolphe sacrifie sans problème la vie d’une jeune fille et la confiance du fils de son ami à sa fureur de posséder et à sa hantise d’être cocu (deux faces d’une médaille, dirait-on aujourd’hui, idéalement patriarcale). Armande, femme savante, écarte toute forme de bonheur et de naturel par orgueil, militantisme et cuistrerie. Si elle finit par émouvoir, c’est par conscience de sa solitude. Argan liquiderait la Terre entière si cela pouvait alimenter ses maux et lui attirer tous les médecins du monde. Et qui sait ce que le brave Monsieur Jourdain serait prêt à donner pour qu’on lui accorde véritablement, par diplôme et par cérémonie, culture et noblesse ? Au moins a-t-il cette circonstance atténuante : il est modeste et s’efforce d’apprendre.
Du côté des jeunes
Tous ces personnages, en vérité, ne sont pas drôles. Il n’est même pas certain que ceux qu’ils briment, humilient, soumettent à leurs caprices, vaillent beaucoup mieux. Les pièces s’achèvent, bienheureusement, avant qu’on puisse savoir ce qu’ils deviendront ; si leur indignation, leur goût de la mesure, leur sens de l’injustice, n’étaient pas dus, avant tout, à la spontanéité frustrée de leur jeunesse (Molière est toujours du côté des jeunes). Ha ! Que deviendrait le monde si, en accédant à leur tour au pouvoir (politique, économique, familial), ces «dominés» héritaient des vices des «dominants» qu’ils ont neutralisés ! D’ailleurs, les ont-ils neutralisés ? Les happy ends de Molière, on l’a mille fois dit, sont si peu vraisemblables qu’ils couronnent son pessimisme d’ambiguïté et son bon sens, de tous les artifices du miracle. On regarde les scènes finales comme on regarde la queue déployée d’un paon : il suffit de baisser un peu les yeux pour redécouvrir la laideur des pieds.
L’éclairage sans nuances qu’on vient de donner des grands caractères de Molière rappelle une réaction de Colette, en 1938, après une représentation de George Dandin : «Où trouverai-je à rire, parmi tant de méchantes gens ? écrit-elle. Le berné, croquant ambitieux, ne vaut pas mieux que sa traîtresse de femme, issue de deux snobs stupides. Les valets mentent, la chambrière est un démon… Mon besoin de sympathiser, pour la durée d’une pièce, avec quelque brave personne, je le remporte affamé.» Ce qu’elle aime chez Molière, ajoute-t-elle à propos de l’Ecole des femmes, c’est l’union de la pitié et de la fantaisie. On en revient, dès lors, à sa question : «Où trouverai-je à rire, parmi tant de méchantes gens ?» C’est la vertu de Molière d’avoir su répondre : partout.
On rit moins, on ressent plus
Les rires qu’il provoque jaillissent dans plusieurs ruisseaux. Dans ceux de l’enfance, ils ont une innocence cruelle, liée au burlesque et au ridicule : on en rit comme de clowns. En aval, les ruisseaux changent. Ils perdent en transparence, mais ils se creusent et s’élargissent. Plus on vieillit, moins les rires s’opposent à la pitié. Chacun fait peu à peu l’expérience du pouvoir, qu’il le subisse ou qu’il l’exerce, quel que soit ce pouvoir. Chacun expérimente les folies des autres, apprend à subir les siennes. Chacun est mûr pour devenir tout ce qu’il ne voudrait pas être. Molière conduit par ses personnages, avec son naturel, sa force et son raffinement, sur ce chemin. L’histoire des mises en scène de ses œuvres, depuis un siècle, semble accompagner ce mûrissement. On rit moins ; on ressent plus. La pitié pour les monstres ne chasse pas la cruauté, ni le dégoût qu’ils inspirent ; mais elle les enveloppe, les rapproche. Le rire sur le fou au pouvoir durcit et enchante ; sa solitude émeut et désenchante.
Le personnage qui porte au sommet ce mélange est Alceste, le misanthrope. Il est aussi facile de le rendre ridicule que de le rendre admirable, de le trouver furieux dans un monde raisonnable que de le trouver authentique dans un monde hypocrite. Il justifie à cœur ouvert les deux jugements, les deux sentiments. Il est, sans doute, la quintessence de Molière. Colette parle de «sa fougue, sa chaleur amoureuse, ses larmes violentes, sa lâcheté, sa belle figure, sa prestance, en un mot, sa jeunesse». Cette jeunesse trop entière et trop vive pour admettre celle, apparemment superficielle, de Célimène. Il voudrait l’emporter dans sa retraite, loin du monde, puisqu’il l’aime. Elle lui répond cette phrase qui, à elle seule, explique la dépression de tant de jeunes, aujourd’hui, pris entre la mâchoire des écrans et celle de la pandémie : «La solitude effraie une âme de 20 ans.»
«Un courage rare» : Molière revisité par cinq acteurs-auteurs
par Marie Klock, Didier Péron et Sandra Onana
«Il comprend que l’humour est une arme»
Jean-Pascal Zadi, cinéaste et acteur. Réalisateur du film Tout simplement noir et de la série Carrément craignos.
«Faut que tu mesures à quel point le mec est dans un système politique hyper contraint, où si tu protestes, tu finis en taule ou on te coupe la tête, et il comprend que l’humour est une arme. Le discours en mode vénère, faut oublier, donc faut jouer plus fin que ceux qui financent ou regardent, et il élabore le deuxième degré, l’ironie, la parodie, le décalage. Ce qui est me frappe le plus, c’est à quel point il critique la société dans son fonctionnement en étant très virulent sur plein d’aspects de la vie de son temps.
«Aujourd’hui, la comédie est devenue quelque chose de pas sérieux. Il s’agit de faire de la thune, faire des entrées, divertir les ados, se taper des barres. C’est devenu une fin, pas un moyen. Molière avait compris la portée politique de l’humour et vu le niveau démentiel des inégalités sociales, territoriales, le chaos politique, la tension sanitaire aujourd’hui, s’il revenait, il aurait du taf et des idées. C’est frappant de voir à quel point le niveau de liberté sous l’Ancien Régime était carrément limité, que la capacité à s’exprimer librement était sous étroite surveillance et à quel point les mecs pouvaient tout défoncer par des biais stylistiques alors qu’aujourd’hui, on est libre, on écrit et on dit à peu près ce qu’on veut, et on ne prend aucun risque, voire on est content de n’avoir rigoureusement rien à dire. Molière, il est extrême gauche, pour moi, il veut changer les rapports de force… Enfin peut-être anar de droite, genre je respecte rien mais je garde la thune quand même (Rires).»
«Il a donné des rôles magnifiques aux femmes»
Agnès Jaoui, actrice, scénariste et cinéaste. Réalisatrice du Goût des autres, d’Au bout du conte ou de Place publique, coécrits avec Jean-Pierre Bacri.
«Tout ce qu’il décrit de la société, à quelques changements près, l’hypocrisie, la tartufferie, les marquis, les fâcheux, tout cela existe toujours. Je n’ai jamais ressenti quelque chose d’enfermant dans cette référence, ni ne la prends comme quelque chose à égaler ou à dépasser. C’est quelqu’un que je prends comme un ami. En entrant au Cours Florent à 14 ans, assez vite, j’ai dû jouer Célimène [dans le Misanthrope, ndlr]. Je me rappelle encore m’être fait rabrouer parce que j’étais un peu coquette, un peu trop séductrice avec les mecs.
«Ce qui est bien avec les grands auteurs qu’on aime à 15 ans, c’est qu’on les redécouvre à 30, puis à 40, puis à 50, et on perçoit des choses qu’on n’avait pas comprises. Comme lorsque Arsinoé, l’amie hypocrite de Célimène, lui dit «Vous faites sonner terriblement votre âge», c’est très beau. J’ai pensé, je dois dire, jusqu’à jouer les Femmes savantes, que c’était un auteur féministe, ce qu’il n’est pas. Et en même temps, c’est un auteur qui a donné des rôles magnifiques aux femmes : elles débattent, sont malignes, déjouent, ce sont des vrais personnages à défendre. Ce n’est pas le cas chez d’autres grands auteurs. Il était incroyablement engagé dans le sens où il était contre le fait que les parents décident pour les jeunes, filles ou garçons. Et c’est quand même l’auteur de l’Ecole des femmes… Les personnages de femmes sont traités à égalité avec les hommes, comme des êtres complexes et intéressants. Pour les acteurs, c’est un délice à jouer, c’est pour ça qu’on l’aime tant. Tout est facile, tout est appui, ce n’est pas un texte où on se dit «Merde, comment je vais faire ?», au contraire.
«Comment peut-on penser que c’est un auteur de cour ? On sait qu’il écrivait le cinquième acte pour la cour parce qu’il fallait bien qu’il bouffe, mais il est à fond contre l’ordre établi, il ne fait que le remettre en cause. Les Fourberies de Scapin, c’est un manifeste social. Il est même à gauche de la gauche. Je ne saurais dire exactement laquelle parce que, de ce côté-là, de nos jours, tout le monde est un peu paumé… Mais c’est un humaniste absolu, je défie quiconque de dire le contraire.»
«Une double stature de vedette et de traîne-savate»
Valérie Donzelli, actrice et cinéaste. Réalisatrice de la série Nona et ses filles.
«Ce qui me touche avec Molière c’est le côté autodidacte, quelqu’un qui grandit dans un milieu de marchands et qui se découvre une vocation de comédien si forte qu’il se met à écrire des pièces pour se donner des rôles et en distribuer à la troupe qu’il a constituée autour de lui. Ce qui le pousse à écrire, c’est donc bien le plaisir de jouer, et l’énergie circule ainsi de l’écriture à la scène sans discontinuer et sur des années, avec un nombre invraisemblable de représentations et une équipe qui restera du début à la fin étonnamment stable. Le fait qu’il joue tout le temps me fascine, c’est un peu unique je crois. On pense à un Woody Allen ou à un Nanni Moretti, des gens qui n’imaginent pas vraiment créer sans jouer.
«Il a un côté anarchiste, irrécupérable, le rapport à Louis XIV, c’est l’opportunité de se faire financer par un fan richement pourvu mais on sent qu’il peut envoyer tout péter pour repartir sur les routes. Il garde cette double stature de la vedette et du traîne-savate, il est adulé et en même temps il est enterré comme un minable pour n’avoir jamais signé de renonciation à sa profession de comédien. Il attaque les bourgeois, l’aristocratie, le clergé, les médecins, des strates sociales élevées dans un système d’Ancien Régime qui a organisé l’injustice à grande échelle. Il n’a jamais dévié de son but, railler les forts contre les faibles notamment, ce qui me semble la preuve d’un courage rare.»
«Une folie, une puissance brute»
Serge Bozon, cinéaste, acteur. Réalisateur des comédies Tip Top et Madame Hyde. Il tourne le drame chanté Don Juan avec Tahar Rahim et Virginie Efira.
«Ce qui m’a le plus surpris et impressionné en relisant quelques pièces, c’est qu’il y a quelque chose de presque hagard, pas fignolé, écrit à toute vitesse, y compris dans les pièces comiques qui résistent à l’interprétation. J’ai redécouvert une folie, une puissance brute qui l’apparente pour moi à un Dostoïevski dans cette espèce d’oralité immaîtrisable et qui donc est très loin de l’idée de la quintessence du théâtre scolaire que l’on s’attend par habitude à trouver là. La plupart des pièces reposent sur des personnages principaux guidés par une obsession poussée jusqu’à l’absurde, mais je trouve que Molière ne s’en moque pas cruellement. On peut être touché par la folie langagière des Précieuses ridicules qui ont besoin de ça, de ce romanesque pour échapper à la réalité fastidieuse, de même Alceste, le misanthrope, porte un refus total de l’hypocrisie, des bienséances qui le rend pur, ou je trouve fascinant le bourgeois gentilhomme qui veut mieux s’habiller, savoir danser, une coquetterie qui le fragilise et que la pièce ne sacrifie pas à mon sens. Pourtant subsiste dans ce côté pas fini, à la diable, presque jeté, une noirceur erratique, sachant par ailleurs que tout ça s’écrit dans un contexte de violente pression du pouvoir, de risques de déplaire et de sombrer au moindre mot ou rire mal perçu. Si on voulait faire un rapprochement un peu osé entre Corneille et Molière, c’est la même différence qu’entre Ozu et Jean-Pierre Mocky.»
«C’est cool qu’un truc institutionnel permette de jouer le benêt»
Thomas VDB, comédien en solo de Thomas VDB s’acclimate et à l’écran courant 2022 dans Astérix et Obélix : l’Empire du milieu de Guillaume Canet.
«Quand tu commences à faire du théâtre en France, c’est avec Molière qu’on ouvre la porte. Dans le Bourgeois gentilhomme, je jouais Monsieur Jourdain, mais seulement à deux moments, une fois au début et une fois vers la fin, parce que le rôle était partagé entre plusieurs élèves, comme dans Santa Barbara où parfois ils changeaient d’acteur pour jouer le même personnage. On était une quarantaine en tout à jouer la pièce, je n’imagine pas les migraines qu’a dû avoir ma prof de théâtre (qui était aussi ma prof de français et ma prof principale) à mettre ça en scène… Ça durait quatre heures, c’était dans la salle de gym, les parents filmaient uniquement la scène de leur enfant, le temps des changements de costumes était interminable…
«Dans le Malade imaginaire, je jouais Argan mais aussi Thomas Diafoirus, le promis de la fille d’Argan, un grand benêt. J’en faisais des caisses parce que j’adorais faire l’idiot. C’est là que j’ai réalisé : c’est bien quand on me fait faire l’idiot. C’était cool qu’un truc institutionnel, qui venait de l’école, permette de jouer le benêt. J’ai été très applaudi à la fin, c’était génial, et je me souviens encore parfaitement de la réaction de ma mère. Elle m’a dit : «T’as le virus !» Je ne sais pas si c’est ça qui a légitimé mon envie de faire de la scène, mais c’est sûr que cette fois-là, c’est la première fois que j’ai pensé : je veux être acteur.»
Pourquoi Molière règne toujours sur la comédie française
TÉMOIGNAGES - Agnès Jaoui,
Julie Depardieu ou Denis Podalydès parlent du dramaturge et disent pourquoi il est moderne.
Isabelle Adjani, Michel Bouquet, Jacques Charon, Jacques Weber, Mario Gonzalez, Michel Aumont, Catherine Hiegel ou Michel Piccoli ont incarné Molière. Il reste un Graal dans tout parcours de comédien. «C’est un ami pour la vie», affirme Agnès Jaoui, qui était Philaminte, l’épouse de Chrysale (Jean-Pierre Bacri), dans Les Femmes savantes, mises en scène par Catherine Hiegel en 2016. «ll écrit tellement bien! poursuit l’actrice, scénariste et réalisatrice. Il était ouvert et libre. Comme chez tous les grands auteurs, on le relie à différents âges de sa vie et on comprend des éléments qu’on ne comprenait pas avant. Il révèle quelque chose de vous-mêmes. À un moment, vous réalisez que vous êtes un peu Arsinoé, un peu Alceste ou un peu Célimène.»
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Découvrez Molière malgré lui, la nouvelle inédite de Christophe Barbier
EXCLUSIF - Chaque semaine, Le Figaro Magazine publie une nouvelle inédite d’un écrivain. C’est au tour de Christophe Barbier.
Jean-Baptiste Poquelin, reporter à l’hebdomadaire L’Alceste, commença son enquête sur «La France dans la Grande Pandémie» par une rencontre avec Olivier Véran, le ministre en charge de la Santé.
Poquelin s’étonna d’un tel branle-bas de combat dans les affaires publiques, alors que tout lui semblait calme. En sa lointaine contrée, durant une épidémie, les cadavres s’amoncelaient sur les charrettes et les bûchers. Le ministre le corrigea:
«Détrompez-vous, M. Poquelin. Tout Français bien portant est un contaminé qui s’ignore. Tester, tracer, isoler! Telle est la vérité. Tracer, surtout. Savoir où vont tous ces Français imprudents. J’en vois à la terrasse des cafés. Sans masque! Sans masque! Cela ferme la bouche à tout, sans masque! Alors, je ferme, j’interdis, je confine. Et je vaccine, je vaccine, je vaccine! Le vaccin, M. Poquelin, je ne connais pas d’autre vérité que celle-là. Je me fais fort d’imposer la cinquième dose avant la fin du quinquennat. Combien est-ce qu’il faut mettre de grains…
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