LA POINTE DU HOC

A la Pointe du Hoc, haut lieu du Débarquement, l’effondrement de la «petite dent» attriste les visiteurs

Un pan de la Pointe du Hoc s’est effondré jeudi 5 mai. L’érosion effrite ce site historique du DDay au grand dam des visiteurs, touchés par la nouvelle. Avec des questions sur l’évolution de la Mémoire des lieux.

La "petite dent" de la Pointe du Hoc, en partie effondrée jeudi 5 mai au matin. LP/Esteban Pinel
La "petite dent" de la Pointe du Hoc, en partie effondrée jeudi 5 mai au matin. LP/Esteban Pinel

Les vagues tapent encore vigoureusement le pied de la « petite dent » de la Pointe du Hoc ce dimanche 8 mai. Depuis les hauteurs de la falaise, on devine le bouillonnement de sable et de poussière dans l’eau. « C’est en voyant la couleur sableuse de la mer pendant leur ronde jeudi matin que les gardes du site ont découvert l’effondrement », narre Scott Desjardins, l’intendant du Cimetière américain de Colleville-sur-Mer et de la Pointe du Hoc. Le 5 mai, un pan de ce haut lieu du Débarquement de Normandie s’est effondré, vaincu par l’érosion.

Malgré le temps venteux, des dizaines de visiteurs cheminent sur le site sculpté par les bombardements alliés du DDay. A l’approche de la mer, nombreux sont les « Oh ! C’est impressionnant », en découvrant les dégâts. « On voit la cassure au niveau de la butte. La roche est fendue à la verticale. Rien qu’à la teinte, on distingue l’éboulement car on voit l’intérieur, plus argileux. La falaise recule », constate Alain, un Cherbourgeois familier des lieux.

L’appétit de la mer ne laissait guère d’espoir pour la « petite dent », ainsi que cette avancée rocheuse est affectueusement surnommée. Une étude de 2011 avait mis en évidence sa fragilité, matérialisée par de trop nombreuses fissures. « Quand j’ai vu que c’était tombé, j’ai cru que tout s’était écroulé, a redouté Diane, calvadosienne de naissance. Finalement, je suis rassurée car elle existe toujours ! ». Une consolation, même si la dynamique naturelle à l’œuvre ne laisse pas de place au doute : l’avancée rocheuse continuera à s’effondrer, sans doute définitivement, dans les prochaines années.

« C’est un côté de notre Histoire qui s’effondre »

De quoi « faire un peu de peine », à Christine. Cette Normande s’alarme pour la suite. « C’est un côté de notre Histoire qui s’effondre. Je plains les générations futures qui ne verront pas tout ça comme nous on l’a vu ». Le paysage change, même si le versant escaladé par les 225 rangers américains le DDay le 6 juin 1944 est lui plus épargné, notamment du fait de la composition de la falaise, plus rocheuse à cet endroit. Toutefois, les visites du site prennent en compte le phénomène. « On explique de plus en plus que les lieux changent. Dans 100 ans, il faudra sûrement un pont pour aller jusqu’au bunker », indique Scott Desjardins.

Alors que les derniers vétérans de la Seconde guerre mondiale s’éteignent, que les témoins du Débarquement se font aussi moins nombreux, faut-il s’inquiéter des ravages du temps sur les sites historiques ? Plus à l’Est, les vestiges du port artificiel d’Arromanches sont aussi éprouvés par les flots par exemple. Les yeux tournés vers les restes de la « petite dent », Diane relativise : « Le site de Mémoire va rester, c’est certain. Il est de plus en plus enraciné dans l’esprit des gens. Le fait que la dent diminue n’est pas très grave. En fait, le vrai défi aujourd’hui, au-delà de l’aspect mémoriel, c’est de se demander pourquoi tout cela s’écroule ».

L’Histoire d’hier se télescope avec celle d’aujourd’hui. « Les tempêtes sont plus fortes et plus nombreuses, glisse l’intendant de la Pointe du Hoc. Et puis la pluie s’infiltre dans la roche. Les gelées, aussi, font leur petit effet. Des zones de la falaise sont plus sablonneuses. L’eau vient creuser en dessous et ça s’effondre ». Le dérèglement climatique promet d’aggraver le phénomène, visible de part et d’autre de la Pointe le long des falaises voisines. Reste le site des positions de défenses allemandes sur les hauteurs de la Pointe du Hoc. Consolidé par cinq millions d’euros de travaux en 2011, il se trouve niché sur une roche plus solide. Et si de nombreux panneaux mettent en garde le public à ne pas trop s’approcher du bord, des capteurs installés sur la falaise établissent un état des lieux régulier. Un parcours sécurisé pour permettre aux près de 500 000 visiteurs annuels d’admirer le dernier pan de la « petite dent » encore bien debout...




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