Mort d’Elizabeth II : une vie de reine en 20 photos



Le Royaume-Uni est en deuil. La reine Elizabeth II est décédée ce jeudi 8 septembre 2022, à l’âge de 96 ans. De sa jeunesse en Angleterre à ses passages dans l’Ouest de la France, en passant par les temps forts de la monarchie, retour sur sa vie en vingt images.


Elle était la souveraine la plus connue au monde. Elizabeth II s’est éteinte ce jeudi 8 septembre 2022 à l’âge de 96 ans. Son règne - 70 ans - fut le plus long de l’histoire britannique, dépassant les 63 ans sur le trône de la reine Victoria. La reine a connu tous les événements marquants et les soubresauts de l’histoire contemporaine. Elle a aussi contribué à changer l’image de la monarchie dans son pays.

Retrouvez notre direct consacré au décès de la reine Elizabeth II

La future reine, née en 1926, était surnommée Lilibet pendant son enfance. Elle ne s’attendait pas à devenir monarque. Mais après l’abdication d’Edouard VIII pour épouser la divorcée Wallis Simpsons, elle devient bien plus exposée lorsque son père George VI accède au trône en 1936. D’autant qu’il n’aura pas de fils.

Sur cette photo, le 12 mai 1937, le roi George VI pose en famille avec la reine Elizabeth et leurs filles Elizabeth (à droite) et la princesse Margaret (à gauche).


Le 12 mai 1937, le roi George VI pose en famille avec la reine Elizabeth et leurs filles Elizabeth (à droite) et la princesse Margaret (à gauche). | AFP

Avant la couronne

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la famille du roi George VI reste au Royaume-Uni malgré les bombardements ennemis, essentiellement à Windsor. À la fin de la guerre, la jeune Elizabeth rejoint les femmes militaires de l’Auxiliary Territorial Service. Là, elle reçoit un entraînement et des connaissances en mécanique et apprend à conduire.


La princesse Elizabeth en avril 1945, alors qu’elle était dans l’Auxiliary Territorial Service. | IMPERIAL WAR MUSEUM

Mariée en 1947 avec le prince Philip, la princesse Elizabeth a dû payer le tissu de sa robe avec des coupons de rationnement de vêtements, écrit le site Royal, site officiel de la reine. La Grande-Bretagne se relève tout juste de la guerre.

Le couple a rapidement eu deux enfants : le prince Charles en 1948 et la princesse Anne en 1950. Naîtront plus tard, Edward et Andrew.


La reine et le prince Philip, avec leurs enfants : le prince Charles, et la princesse Anne. | AFP

À cette époque, la famille a vécu à Malte car Philip était officier de la Royal Navy dans la flotte en Méditerranée.

Devenue reine

Alors qu’elle est au Kenya, en voyage officiel avec le prince Philip en février 1952, elle apprend la mort de son père le roi. Elle est couronnée en 1953. Elle pose, sur cette photo, avec les objets symboliques de la royauté.


Le 2 juin 1953, la reine le jour de son couronnement, à Londres. | AFP

En parallèle de ses fonctions de monarque, elle élève ses enfants. On voit ici, en 1957, le tout jeune prince Charles présenter sa mère, la reine, à ses professeurs et aux autres écoliers lors de la journée sportive de son école à Londres.


En 1957, le prince Charles présente sa mère, la reine, à ses professeurs et aux autres écoliers lors de la journée sportive de son école à Londres. | REUTERS / BRITISH PATHE

Elle accueille les chefs d’État

Pendant son règne, Elizabeth II a vu se succéder les chefs d’État des autres pays. Elle en a reçu des dizaines à Londres. Comme ici le général de Gaulle en 1960.


La reine Elizabeth II et le général de Gaulle, le 6 avril 1960 à Londres. | DR

Des années plus tard, toujours en carosse, la voici avec Nelson Mandela, président de l’Afrique du Sud, en 1996.


Le 9 juillet 1996, avec Nelson Mandela devant Buckingham Palace. | JEAN-LOUP GAUTREAU / AFP

Elle multiplie les voyages

La reine a aussi sillonné le globe plus qu’aucun autre monarque avant elle. Elle est venue plusieurs fois en France, pays dont elle a appris la langue pendant son enfance avec des gouvernantes. Elle a été à plusieurs reprises en Normandie, notamment lors des commémorations du Débarquement allié.

On la voit ici, sur la plage d’Utah Beach, le 7 juin 1984, lors du 40e anniversaire du Débarquement aux cotés du Premier ministre canadien Pierre-Elliott Trudeau, de la reine Beatrix 1re des Pays-Bas, du roi Olaf V de Norvège, du roi Baudoin 1er de Belgique, de François Mitterrand, du grand-duc Jean du Luxembourg et du président américain Ronald Reagan.

Commémoration du 40e anniversaire du Débarquement en Normandie, sur la plage d’Utah Beach, le 7 juin 1984. | JACQUES DEROOST / ARCHIVES OUEST-FRANCE

Dix ans plus tard, la voilà dans une Range Rover devant les vestiges du port artificiel d’Arromanches (Calvados) lors du 50e anniversaire du Débarquement.

La reine et son époux devant ce qu’il reste du port artificiel d’Arromanches, lors du 50e anniversaire du Débarquement. | HÉLÈNE CAYEUX / ARCHIVES OUEST-FRANCE

Plus récemment, la voici dans la Grande mosquée Cheikh Zayed, aux Émirats Arabes-Unis, le 24 novembre 2010.

La reine Elizabeth II s’adapte lors de ses déplacements. Ici à la grande mosquée cheikh Zayed aux Emirats Arabes-Unis, le 24 novembre 2010. | PHILIP CHEUNG/HANDOUT/EPA/MAXP

Elle a aussi visité de nombreux pays du Commonwealth, qui, pour la plupart sont d’anciens territoires de l’Empire britannique. Par exemple, ici, au Nigeria.

En décembre 2003, la reine en visite près d’Abuja au Nigeria. | IAN JONES / AFP

Des Premiers ministres

Entre 1952 et 2021, Elizabeth II a connu quinze Premiers ministres britanniques, dont Winston Churchill. Elle les a tous reçus, le mardi, lors d’audiences hebdomadaires.

Sur cette photo, prise le 30 janvier 1965, la reine assiste aux funérailles de Sir Winston Churchill à la cathédrale Saint Paul’s Cathedral à Londres. On aperçoit le général de Gaulle en arrière-plan.


La famille royale aux funérailles de Winston Churchill. | AFP

Le 6 septembre dernier, la reine a reçu Liz Truss, nouvelle présidente du parti conservateur, qui a succédé à Boris Johnson.


La reine reçoit Liz Truss au château de Balmoral, le 6 septembre 2022. | JANE BARLOW / AFP

Les événements du pays

Elizabeth II a accompagné les grands événements du Royaume-Uni. Joyeux ou tristes. Elle pose ici avec des soldats du 1st Battalion of The Argyll and Sutherland Highlanders, en novembre 2004. Le Royaume-Uni est alors engagé dans la deuxième guerre d’Irak, menée sous l’impulsion des États-Unis.


La reine pose avec les soldats du premier Battalion of The Argyll and Sutherland Highlanders, pendant la guerre en Irak, en 2004. | KIRSTY WIGGLESWORTH / AFP

En mai 2017, elle s’est rendue au chevet des victimes blessées de l’attentat survenu lors du concert d’Ariana Grande à la Manchester Arena.

Ses hobbies

La reine avait une passion pour les chevaux. Elle était d’ailleurs venue visiter des haras dans le pays d’Auge, en Normandie. La voici, cette fois, sur l’hippodrome de Longchamp, en 1972.


La reine Elisabeth II sur l’hippodrome de Longchamp, le 18 mai 1972. À ses côtés, Michel Cointat et Bernard Pons (à gauche). | DR

Elle aimait également la chasse et lire des romans policiers. Elle était aussi fana des corgis, ces petits chiens originaires du pays de Galle. Elle eut en tout 30 corgis à Buckingham Palace, le dernier de ses compagnons est décédé en octobre 2018.

La famille

Sous son règne, la famille royale s’est ouverte au monde, avec les cérémonies royales retransmises en direct à la télévision. Elle a aussi fait la une des tabloïds, à l’occasion parfois de scandales ou d’heureux événements.

Ses relations avec la princesse Diana ont notamment fait l’objet de nombreuses spéculations. La jeune femme, mariée au prince Charles en 1981, est sur cette photo encore une toute jeune fiancée.

Le 27 mars 1981 : la reine entourée du prince Charles et de Lady Diana, qui n’était alors que fiancée avec l’héritier du trône. | AFP

À la mort de Diana le 31 août 1997, divorcée du prince Charles, il a été reproché à la reine d’avoir tardé à percevoir l’émotion populaire qui a saisi le pays et d’être restée en Écosse. De retour à Londres, on voit sur cette photo la reine Elizabeth et le duc d’Edinburgh au milieu des fleurs déposées en hommage à la princesse Diana, devant Buckingham Palace, le 5 septembre 1997.

La reine Elizabeth II et le duc d’Edimbourg au milieu des fleurs déposées en hommage à la princesse Diana, devant Buckingham Palace, le 5 septembre 1997. | REUTERS

L’image de la monarchie est aujourd’hui aussi incarnée par les petits-enfants et arrière-petits-enfants de la reine. Elle pose sur cette photo, en 2015, au balcon de Buckingham Palace avec les princes William et George, héritiers de la couronne.

La reine en famille avec son arrière-petit-fils, en juin 2015. | STEFAN WERMUTH / REUTERS

Devenue veuve en avril 2021, après le décès du prince Philip, la reine Elizabeth n’a pu rester impassible lors des obsèques de celui avec qui elle a partagé 73 ans de vie commune.

La solitude de la reine Elizabeth II lors des obsèques du prince Philip, le 17 avril 2021, dans la chapelle du château de Windsor. | JONATHAN BRADY / AFP

L’image de la reine, tout de noire vêtue, assise seule à son banc, a ému le monde entier.

La reine avec la duchesse de Cambridge et ses arrière-petits-enfants regardent le défilé aérien, à l’occasion de son jubilé, le 2 juin 2022. | DANIEL LEAL / ARCHIVES AFP

À l’occasion du jubilé de platine de la reine, en juin 2022, le Royaume-Uni était en fête. Le 2 juin, dans le ciel, les avions de la Royal air Force ont fait le spectacle au-dessus de Buckingham Palace. La reine était au balcon avec certains membres de la famille royale. Le bruit des avions des Red Arrows n’a pas été du goût du jeune prince Louis qui s’est ostensiblement bouché les oreilles. Cette photo amusante a été l’une des images marquantes du jubilé.


une reine à la longévité exceptionnelle

La reine Elizabeth II est décédée ce jeudi 8 septembre 2022, à l’âge de 96 ans, à sa résidence écossaise de Balmoral. La souveraine, à la tête de quinze royaumes, détient le record de longévité sur le trône britannique, auquel elle avait accédé en 1952.

La reine Elizabeth II parcourt une installation artistique de coquelicots en céramique dans le centre de Londres, le 16 octobre 2014.
CHRIS JACKSON – ARCHIVES AFP

« Le pont de Londres est tombé » (London Bridge is down). C’est par ces mots que le secrétaire particulier de la reine est censé avoir alerté la Première ministre britannique du décès d’Elizabeth II, ce jeudi 8 septembre 2022, dans l’après-midi. Un code pour éviter que l’information ne fuite trop vite aux oreilles du monde.

Dans tous les studios de radio du pays, une « lumière nécro » bleue s’est allumée. Un signal. Les présentateurs devaient se préparer au pire, en diffusant une musique d’attente. Triste, bien sûr. Autant dire que les Sex Pistols, qui s’égosillaient en jurant que la reine n’avait rien d’un être humain ​n’auront pas eu la parole. En 1977, déjà, sans se départir de son éternel sourire compassé, la reine avait exigé que la BBC censure leur blasphématoire God save the queen. Pas touche à la monarchie.

Retrouvez notre direct consacré au décès de la reine Elizabeth II

Sa Majesté en a maté de plus coriaces. En 70 années de règne, Elizabeth II a vu défiler l’Histoire. La décolonisation (dès 1947), l’adhésion à la Communauté économique européenne (1973), la guerre des Malouines (1982), trente ans de Troubles meurtriers en Irlande du Nord (1965-1995)… Puis ce drôle de Brexit (2016). La reine aime l’Europe, sans doute plus que l’Union européenne, mais motus. Soumise à la neutralité politique, elle règne mais ne gouverne pas.

Ce qui ne l’empêche pas de faire les gros yeux aux Premiers ministres, si besoin. Eux passent, elle reste. Elle en a côtoyé quinze, Liz Truss comprise, a trouvé Winston Churchill épatant et Margaret Thatcher culottée mais agaçante, avec sa voix haut perchée. De Boris Johnson, pas un mot. Mais il se murmure, au palais, qu’elle aurait fini par s’attacher à cet échevelé qui l’avait d’abord inquiété et qui lui a remis sa démission le 5 septembre 2022 à Balmoral, remplacé par Liz Truss.

Le journal dans lequel la reine a couché ses pensées, chaque soir depuis le début de son règne, est classé secret. Un crève-cœur pour les historiens.

Boris Eltsine amadoué

Car n’en déplaise à ceux qui raillent sa monarchie de pacotille, Elizabeth II a su imposer, en six tours du globe, une diplomatie feutrée d’une redoutable efficacité. Elle a connu treize présidents américains et sept français, a adoubé les héros comme Nelson Mandela (1990) et a aussi, parfois, fait plier les malotrus.

Boris Eltsine en fait les frais, un soir de 1994. Craignant ses dérapages avinés, l’entourage de la reine exige un dîner sans vodka. Elizabeth II veille pourtant à ce que le verre de vin du maître du Kremlin ne désemplisse pas… et finit par l’amadouer. Comme le souhaitait son Premier ministre John Major, Eltsine fera quelques concessions sur l’Otan.

Pas armée pour régner

Implacable souveraine ? Enfant timide, Lilibet, comme la surnomment ses parents, a grandi loin du trône. Nièce du roi Edward VIII, elle n’a pas vocation à jouer les premiers rôles. Elle n’est d’ailleurs par armée pour cela : une gamine de son rang, juge sa mère, n’a besoin de maîtriser que les bonnes manières.

Elizabeth n’use donc pas ses dentelles sur les bancs d’une école. Tout juste bénéficie-t-elle de huit heures par semaine (!) d’anglais, d’histoire, de généalogie royale et de français – qu’elle maniera toute sa vie à la perfection –.

Maigre bagage mais qu’importe. Lilibet ne s’épanouit pleinement qu’au contact des chevaux. Au printemps 2020, en plein Covid-19, c’est d’ailleurs une photo d’elle cavalant dans le parc de Windsor qu’elle diffuse pour rassurer ses sujets sur sa santé.

Précieux répit arraché au carcan royal qui l’emmaillote depuis 1936. Cette année-là, son oncle Edward VIII envoie valser le protocole après 325 jours de règne : il abdique pour épouser sa douce, une Américaine deux fois divorcée. Voilà son frère George VI, le père d’Elizabeth, roi malgré lui.

Finie l’insouciance. Lilibet n’a que dix ans, mais ses amies ne peuvent plus l’approcher sans se fendre d’une révérence, en l’appelant Ma’am ​(Madame). Son Altesse se soumet sans broncher et suit désormais des études plus poussées : constitution, grec, italien…

Propulsée reine à 27 ans

Son seul acte de rébellion sera de succomber à son cousin Philip Mountbatten, prince grec sans le sou, marin de la Royal Navy, coureur du monde et de jupons. Elle a 13 ans, lui 18. Ils se marient huit ans plus tard. Pour le meilleur, mais le pire arrive vite. George VI meurt en 1952. À 27 ans, Elizabeth se voit propulser reine du Royaume-Uni et cheffe du Commonwealth.

Les paparazzis s’offusquent déjà de sa froideur. Pas une larme devant leurs objectifs oppressants. Question d’éducation.

Un clan intenable

Sa Majesté mènera donc son royaume comme son clan, rebaptisé La Firme​. Le grand amour de sa sœur Margaret, le capitaine Peter Townsend, divorcé, est expédié à l’autre bout de la planète. Son mari Philip, décédé le 9 avril 2021, un tantinet volage, est vite ramené dans le rang : il devra se contenter du titre – humiliant – de prince ; marcher derrière son épouse, renoncer à ses envies de grand large pour s’occuper de leurs quatre enfants.

En public, Elizabeth II se révèle aussi plus câline avec ses chiens corgis, qu’elle vénère, qu’avec ses descendants. En témoigne cette scène sidérante, relatée dans le savoureux livre de Marc Roche, Elle ne voulait pas être reine ! (Albin Michel) : en 1954, de retour d’un périple de six mois à l’étranger, la reine passe sans un regard devant Charles, 5 ans, pour filer s’entretenir avec des officiels.

La mort de Diana, un tournant

Sa dureté ne suffira pas à colmater les brèches. En 1992, trois de ses enfants divorcent. Pire : Diana publie un livre brûlot sur Charles. Impardonnable. À la mort de sa belle-fille dans un accident avec son amant, Dodi Al-Fayed, le 31 août 1997 à Paris, la reine reste aveuglée par la rancœur. Et sourde à l’émotion de son peuple, qui pleure sa « Princesse de cœur »​. Elle attend six jours avant d’écourter ses vacances, à Balmoral, pour regagner Buckingham et se fendre, enfin, d’une brève allocution télévisée.

Les Britanniques sont outrés. Puis ils oublient. La reine reste leur reine. Intouchable. En 2012, ils exultent quand elle se joue d’eux : en pleine cérémonie d’ouverture des JO de Londres, une mise en scène osée la montre sautant en parachute avec Daniel Craig, alias James Bond.

Sept ans plus tard, ses sujets saluent sa droiture quand elle met au ban de la royauté son fils préféré, Andrew, pour avoir côtoyé de trop près le prédateur sexuel Jeffrey Epstein. Puis quand elle coupe les vivres de son petit-fils Harry et de son épouse américaine Meghan, allergique aux règles de la monarchie.

Symbole du passage de relais qui se prépare, le prince Charles, 73 ans, est publiquement associé à cette décision inédite. La reine cache mal ses doutes quant à la capacité de son fils à régner, mais il lui faut bien se résoudre, une dernière fois, à appliquer le protocole. Sans émotion. En apparence, du moins.











REUTERS / BRITISH COUNCIL


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