ACTUALITÉS Martinique
À l'invitation du « Collectif des citoyens de Sainte- Anne pour la sauvegarde de la baie », une réunion publique s'est tenue en fin de semaine dernière, au bourg, à l'Espace Vincent-Placoly. Il s'agissait pour ce groupe de citoyens de réfléchir à des solutions pérennes sur les moyens à mettre en œuvre par rapport à la surabondance de bateaux dans la baie et aux nuisances qu'elle engendre. Des nuisances qui impactent l'environnement mais aussi l'activité économique.
Destruction des fonds marins
Saintannais, Martiniquais, usagers de la mer réguliers ou saisonniers, tous sont concernés par les problèmes énumérés en début de réunion. Les atteintes au milieu naturel sont importantes avec, notamment, la destruction des fonds marins et récifs coralliens ainsi que la pollution des eaux marines (présence de staphylocoques). Les marins-pêcheurs déplorent, de leur côté, une baisse de la ressource et des vols. Ont également été mises en avant : l'impossibilité d'organiser des courses de yoles, la problématique des places de parking, la gestion d'une trop grande quantité d'ordures, la question de l'eau courante prélevée en divers endroits (cimetières, camping, presbytère, etc.). Plusieurs de ces points pénalisent directement ou indirectement les contribuables saintannais.
Et l'objectif du rassemblement n'était pas de stigmatiser les uns et les autres mais plutôt de trouver ensemble une solution pour que les Saintannais ne subissent pas la présence de ce grand nombre de bateaux, et que puissent être préservés des paysages, à nuls autres pareils. « Nous voulons voir le coucher de soleil derrière le rocher du Diamant, et non un coucher de bateaux ! », ont insisté les habitants conscients à la fois de l'enjeu économique que représente le mouillage et de la nécessité de protéger l'environnement.
Zones de baignade polluées
Le débat était de bonne tenue et les rares individus qui étaient tentés de le perturber ont quitté les lieux sans bruit. Des propositions ont été avancées comme le paiement d'une cotisation pour l'enlèvement des ordures suggéré par un plaisancier.
Les interventions percutantes ont été discutées, applaudies. Un skipper - à ne pas confondre avec un plaisancier - a pointé du doigt « les élus, les fonctionnaires et les décideurs qui ne prennent pas leurs responsabilités. Les zones de mouillage sauvage sont contrôlées en France hexagonale et ici ce n'est pas le cas. Ceux qui veulent vivre en Martinique doivent faire en sorte que cela n'existe plus. Les zones de baignade sont de plus en plus polluées. »
« On ne peut plus poser nos casiers, ils sont vandalisés, s'est plaint le président de l'association des marins-pêcheurs. Cela ne peut plus durer. Il y a un projet de zone de mouillage à Sainte-Anne, mais je me bats pour qu'il n'y ait pas plus de 100 bateaux répartis sur 2 zones. Et puis, en cas de tsunami, qu'adviendra-t-il de tous ces bateaux ? » Jérémie Ferdinand, conseiller municipal de l'opposition, a dénoncé, de son côté, la présence de bateaux non propres (non équipés de cuves de stockage ou de traitement des eaux grises ou noires). Il a souligné qu'il y a des intérêts communs et que la question du mouillage sauvage doit « rendre les parties solidaires », ceci leur permettant d'agir ensemble.
« Un joyau à protéger »
Le maire de Sainte-Anne, Jean-Michel Gémieux, présent, a insisté sur la nécessité de vivre ensemble dans le respect mutuel. Il a d'abord dénoncé des propos outrageants publiés sur les réseaux sociaux suite au retrait d'anneaux au niveau du ponton, et nommé leurs auteurs. Il a également fait savoir qu'il ne céderait ni à la pression, ni au chantage du représentant de l'État, et regretté le laxisme de la Direction de la mer. « Il nous faut sortir de l'ethnocentrisme et des pensées néocoloniales. Il y a des gens bien et des trouble-fêtes. Certains se baignent tout nus au cimetière, photo à l'appui. Nous trouvons des robinets cassés. Nous supportons les frais de l'usage de l'eau par les plaisanciers. Il nous faut maintenant transformer notre regard, et faire peuple. Nous voulons aller à la mer dans la sérénité. Ce pays est un joyau à protéger. Que ceux qui ne veulent pas payer s'en aillent. »
« Trop de laisser-aller »
Le député du Sud, Jean-Philippe Nilor, a exprimé sa solidarité, sa fierté de vivre ce débat sur la place publique. « La population a pris les choses en mains, dans un bon état d'esprit. Il existe des lois et règlements qui ne sont pas appliqués ici. Il y a trop de laisser-aller, nous perdons des millions d'euros. Il faut défendre le patrimoine et l'environnement martiniquais. Vous pouvez compter sur moi. Je veux participer à ce combat ! »
Le mot de la fin est revenu à Amédée Trime, initiateur de l'action : « Faisons bloc avec le maire mais n'y mêlons pas la politique, c'est de l'avenir de notre commune qu'il s'agit. Nous organiserons une autre table ronde pour définir nos démarches. On doit se respecter mutuellement. Nous ne pouvons ni créer, ni bâtir ni construire en étant divisés. »
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