Mars 1923 : Saint-Pierre renaît de ses cendres
La ville de Saint-Pierre célébrera, jeudi et vendredi, l'anniversaire de sa refondation en tant que commune. Plusieurs manifestations sont programmées.
Cette année 2023 marque le centenaire de la refondation de la ville de Saint-Pierre. Après l'éruption de la montagne Pelée, la ville fut rayée des cartes des communes de France le 10 février 1910. Treize ans plus tard, les autorités rétablissaient la cité renaissante dans son statut de commune de France par la loi du 20 mars 1923. Cela dans les limites de l'ancienne cité.
Visite, concert et conférence
Cette semaine, la ville propose de célébrer cet anniversaire à travers plusieurs rendez-vous. Dès ce jeudi, les Pierrotins mais aussi les Martiniquais sont invités à participer à ce programme qui leur permettra de (re)découvrir un pan de notre histoire. Visite, concert et conférence sont proposés pour cette plongée dans le passé qui invitera aussi à penser, ensemble, l'avenir de la cité pierrotine.
Le programme
Jeudi 23 mars
- 16h30 : pose d'une gerbe au monument aux morts place René-Bramban
- 17h : visite de la première maison reconstruite après l'éruption
et dévoilement d'une plaque commémorative
- 18h : messe à la salle paroissiale
- 19h30 : pot convivial au marché couvert
- 20h : concert live de Joël Lutbert et Kali place Bertin
Vendredi 24 mars
- 18h : réunion d'information publique « Construire Saint-Pierre aujourd'hui » salle de délibération de la mairie. Conférence de Marie-Michèle Darsière : « Saint-Pierre, la ville éternelle ». Présentation des perspectives 2023/2033
Dans la ville dévastée, la vie reprend...
Sitôt après la catastrophe du 8 mai 1902, la nature ayant horreur du vide, les pillards commencent leur travail dans la cendre encore chaude. L'administration tente de faire cesser ces activités, en confiant la surveillance de la ville dévastée à la gendarmerie. Le 10 mai 1902, le vapeur Rubis quitte la France pour Saint-Pierre avec un délégué du gouvernement, des troupes d'infanterie, des gendarmes, un pharmacien et des membres du clergé, du bois, du pétrole et de la chaux. Dès 1903, un tourisme macabre ou de catastrophe s'est mis en place obligeant le gouverneur à prendre des mesures de salubrité publique. C'est ainsi, eu égard à la demande croissante de visites touristiques, qu'il dut rapidement faire ensevelir les ossements mis à nu par les pillards, et des gendarmes furent attachés à la sécurité et à l'encadrement des visites. Plusieurs navires arrivent ainsi dans la baie : le yacht anglais Argonaut jette l'ancre dans la rade le 3 janvier 1903 en provenance de Londres dans le but de visiter les ruines. Le 5 janvier c'est au tour du Moltke, un navire allemand qui vient de New York avec des touristes. Le 23 janvier, un autre navire allemand, l'Impératrice Marie-Thérèse, arrive. Le 25 janvier, un navire vapeur de la Royal Mail Esk accoste avec 300 touristes dans les ruines de Saint-Pierre. Au moment de s'embarquer vers 17h, un nuage volcanique s'échappe de la montagne, entre la rivière Blanche et la rivière des Pères jusqu'à la mer. Une cinquantaine de touristes affolés plongent dans la mer pour nager en direction de Carbet.
La plaine de la Consolation replantée
La vie reprend lentement dans la ville dévastée et s'organise. Petit à petit les gens s'installent sur des espaces libérés. En 1915, la plantation Saint-James, en venant par la route de Fonds-Saint-Denis, est active avec son rhum de qualité. En arrivant au niveau du fromager, décapité, on aperçoit quelques toits disséminés parmi les décombres, un espoir de vie reprend. À l'occasion de la fête de Saint-Pierre, le dimanche 18 février 1917, la statue de « La Renaissance de Saint-Pierre » est inaugurée. C'est un don de la sculptrice Madeleine Jouvray (1862-1935).
Hors de Martinique au moment de la catastrophe du 8 mai 1902, Victor Depaz a perdu toute sa famille, propriétaire de l'habitation Depaz. Il décide de faire revivre le domaine. Il commence par apprendre le métier de la canne dans les usines du Vauclin. Il fait revenir la population afin de faire redémarrer l'usine. Le plaine de la Consolation est replantée. Le 8 mai 1917, il achète 521 hectares de terre en friche de l'habitation Pécoul à la famille d'Aurigny. Il entreprend la construction du château en 1922, à partir des plans de l'habitation Perrinelle, ancienne maison des Jésuites. Ce fut le début du repeuplement de Saint-Pierre. Le démarrage de l'usine de l'habitation La Montagne a ainsi contribué au repeuplement de la ville meurtrie, il y avait du travail et les gens sont venus de partout. Devant cet afflux de population, près de 3 000 habitants, il a fallu organiser la vie, et gérer la situation. Par la suite, une prime à la reconstruction accordée par la colonie encourage la population à rebâtir.
Devant la ténacité de toute cette nouvelle population, les autorités, par la loi du 20 mars 1923, rétablissaient la cité renaissante dans son statut de commune de France dans les limites de l'ancienne cité.
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