BRUME DE SABLE
En Martinique, les épisodes de brume de sable s'enchaînent
Depuis plusieurs mois, les épisodes de brume de sable arrivent les uns après les autres dans notre air. Cette semaine encore, Madininair a activité une procédure d'alerte à la pollution. Mais d'où vient cette brume de sable et pourquoi s'installe-t-elle si fréquemment dans les Antilles ?
À cause d'elle, on ne voit plus vraiment le soleil. Depuis plusieurs jours, une brume de sable d'origine saharienne persiste dans le ciel martiniquais. Elle continue d'engendrer des concentrations élevées en particules fines dans l'air. Face au risque élevé de dépassement du seuil sanitaire de 80 µg (microgramme)/m3, Madininair a activé la procédure d'alerte à la pollution.
"Ce jeudi, la brume de sable devrait continuer d'intéresser notre territoire et engendrer des concentrations élevées en particules fines dans l'air, l'indicateur de qualité de l'air prévu est mauvais", annonce Madininair. Le premier seuil de 50 µg/m3 sur une journée a largement été dépassé, puisque la masse de particules fines par unité de volume d'air est actuellement estimée à 80 µg sur une journée. Il est recommandé au public fragile, tel que les personnes âgées ou celles qui souffrent de problèmes cardiovasculaires ou respiratoires de faire attention.
D'avril à septembre
Chez nous, les épisodes de pollution de l'air sont récurrents. Ils ont lieu en général d'avril à septembre et sont liés à des tempêtes qui se produisent dans le Sahara, en Afrique. "C'est à ce moment-là que les particules fines montent dans l'atmosphère, explique Madininair. Puis, avec les vents, elles sont transportées au-dessus de l'Atlantique, formant des coussins d'air. Ces courants atmosphériques se dirigent ensuite vers les Antilles et forment la majorité des épisodes de pollution de l'air que nous connaissons".
S'ajoute à cela une pollution plus locale, liée notamment à l'hydrogène sulfurée dégagée par l'amas de sargasse ou encore celle liée au trafic routier. Mais alors, comment cette brume de sable finit-elle par se dissiper ? "Il faut de la pluie. Et pour l'instant, cette semaine, il n'y a pas de fortes pluies à venir, selon les prévisions. La pluie agit comme un phénomène de lessivage et nettoie donc l'air, reprend Madininair. Parfois, toutes les planètes sont alignées, en termes de courants atmosphériques, pour que la brume de sable persiste. Souvent, aussi, elle arrive à se dissiper d'un seul coup, avant ou pendant son séjour au-dessus des Antilles." Il faudra donc attendre encore un peu avant que les particules ne finissent pas retomber.
Quelles sont les recommandations ?
Pour rappel, en cas d'épisode de pollution, la préfecture de la Martinique recommande à la population de limiter l'usage des véhicules automobiles individuels ; de pratiquer si possible le covoiturage ou emprunter les réseaux de transport en commun ; de privilégier, pour les trajets courts, les modes de déplacements doux (marche à pied, vélo, etc.) ; de différer, si possible, les déplacements internes aux agglomérations ; de réduire des déplacements automobiles non-indispensables des entreprises et des administrations ; d'adapter les horaires de travail ; de privilégier le télétravail.
Concernant les travaux, la préfecture incite également à limiter tous les chantiers nécessitant l'emploi de solvants organiques ou de matières à base de solvants ; de limiter les travaux d'entretien ou de nettoyage (tonte, peinture, rénovation, etc.).
Chez soi, en cas d'épisode de pollution de l'air, la préfecture invite également à éviter les barbecues (ou boucans) et reporter l'allumage des fours à charbon ; maîtriser la température à l'intérieur des bâtiments ; limiter la climatisation.
Pour le secteur Industriel, il faut s'assurer du bon fonctionnement des dispositifs de dépoussierage; reporter certaines opérations émettrices de composants organiques volatils (COV) ; travaux de maintenance ; dégazage d'une installation ; chargement ou déchargement de produits émettant des COV en l'absence de dispositif de récuperation des vapeurs, etc. ; reporter certaines opérations émettrices des particules ou d'oxydes d'azote ; réduire l'utilisation de groupes électrogènes ; et pour le secteur agricole, il faut tenter de recourir à des procédés d'épandage faiblement émetteurs d'ammoniac ; ainsi qu'à des enfouissements rapides des effluents. Pour rappel, les brûlages de déchets verts sont interdits.
Les particules fines en cinq questions
Quels sont les effets des particules fines sur la santé et l'environnement ?
L'impact des particules sur la santé depend de leur quantité, de leur taille, de leur composition mais aussi du temps d'exposition du sujet. Le principal impact sanitaire est sur le système respiratoire. Schématiquement, plus une particule est fine, plus elle pénètre profondément dans les voies respiratoires. Mais les particules fines peuvent aussi être à l'origine de développement de maladies cardiovasculaires. Ces dernières ont par ailleurs un impact environnemental. Les particules désertiques sont notamment une source importante de micronutriments dans l'océan et dans les sols. Leur impact est donc bénéfique pour la croissance végétale. Elles contribuent également au développement de l'écosystème marin (phytoplanctons). Cependant, cet apport d'éléments nutritifs tend à stimuler la production des algues sargasses.
Quelles sont les sources des particules ?
Les particules ont, tout d'abord, une source locale. Il existe des particules émises localement d'origine naturelle : les embruns marins, les pollens, les spores ou encore les particules minérales issues du sol et du sable. On trouve également des particules émises par les activités humaines comme les transports, l'industrie, l'agriculture et le secteur du résidentiel/tertiaire. ll existe aussi des sources transfrontalières, telles que les cendres volcaniques ou les particules désertiques issues des brumes de sable. Une part mineure des particules transportées depuis l'Afrique peut avoir une origine anthropique liée à des feux de biomasse ou des combustibles fossiles.
Comment sont surveillées les particules fines en Martinique ?
Depuis 2001, Madininair assure la surveillance des particules fines dans l'air grâce à des stations de mesure réparties sur l'ensemble de notre île. Elles enregistrent en continu et en temps réel l'évolution des concentrations. Les PM10 sont surveillées par huit stations de mesure et les PM2,5 par quatre stations.
Quels sont les impacts des brumes de sables sur elles ?
Les brumes de sable provoquent surtout une augmentation des concentrations des particules minérales. Une légère hausse peut aussi être observée au niveau des particules de nitrate et sulfate formées par réactions chimiques et, au niveau des métaux (arsenic, nickel, cadmium, plomb...). Des composés radioactifs présents notamment dans les sols du Sahara peuvent également être mesurés lors des épisodes de brume de sable. Cependant, au vu des faibles concentrations, ces éléments radioactifs ne présentent aucun risque pour la santé. À noter qu'aucune hausse de micro-organismes dans l'air liée aux épisodes de brume de sable n'a pu être identifiée.
Ces épisodes de pollution sont-ils de plus en plus longs et intenses ?
La durée des épisodes de cinq jours et plus représentent moins de 10% des épisodes totaux et sont souvent lies à des épisodes de brume de sable, selon les calculs effectués par Madininair.
Pour huit journées de pollution sur dix, les concentrations mesurées en PM10 n'ont pas atteint le seuil d'alerte. Elles ont seulement dépassé le seuil d'information et de recommandation (soit entre 50 et 80 μg/m3). Néanmoins, en 20 ans, 5% des journées touchées par un épisode de pollution en particules fines ont enregistre des concentrations supérieures à 100 μg/m3, voire à 150 μg/m3 sur le territoire.
Un record au Robert, en 2020
En juin 2020, la Martinique a connu son plus gros épisode de pollution en particules fines, dû à une brume de sable exceptionnelle. Sur douze jours consécutifs, du 17 au 28 juin 2020, Madininair a enregistré plusieurs records de concentrations journalières en particules fines PM10. La concentration journalière maximale a été mesurée le 22 juin 2020, au Robert et a atteint 282,7μg/m3
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