Ploumanac'h

« La digue est construite sur une carie » Quel avenir pour le moulin à marée de Ploumanac’h ?

Une partie de la digue soutenant le moulin à marée de Ploumanac’h, à Perros-Guirec (Côtes-d’Armor), s’est effondrée en janvier 2023. Est-ce là un phénomène exceptionnel ? Pourquoi cet édifice est-il si fragile ? Quelles solutions pourraient être envisagées pour la réfection du moulin rouge ? On fait le point avec Odile Guérin, membre de la société géologique et minéralogique de Bretagne.

Odile Guérin, membre de la Société géologique et minéralogique de Bretagne, démontre que la géologie même de Ploumanac’h est responsable de la fragilité du moulin à marée.
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Dimanche 17 septembre 2023, lors de la Journée du patrimoine, la géologue, Odile Guérin, est revenue sur l’histoire du Milin Ruz (moulin rouge en breton), le moulin à marée de Ploumanac’h, à Perros-Guirec (Côtes-d’Armor). Selon la scientifique, les récents effondrements survenus sur le mur de soutènement n’ont rien d’exceptionnel : les fondations mêmes de l’ouvrage seraient en cause. Retour en quatre points sur les causes de cet incident, ainsi que sur son potentiel avenir.

Qu’est-il arrivé au moulin à marée de Ploumanac’h ?

En janvier 2023, une partie du mur de soutènement du moulin à marée s’est effondrée. Dans un communiqué, la mairie de Perros-Guirec avançait à l’époque que les fortes précipitations du mois de janvier avaient fragilisé l’édifice, qui avait fini par céder. Depuis, un arrêté municipal interdit la traversée de la digue, sur laquelle passe le sentier de randonnée GR34.

En vue de la réfection du monument, la mairie avait contacté un bureau d’études quelques jours après l’incident. Erven Léon, maire de Perros-Guirec, affirmait en février 2023 rechercher des subventions pour aider au financement des travaux de réfection.

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Une partie du mur de soutènement du moulin à marée de Ploumanac’h s’est effondrée en janvier 2023. La mairie a chargé un cabinet d’étude d’établir un diagnostic précis de l’ouvrage et des travaux à mener. | OUEST-FRANCEVoir n len écran

À quelle époque a-t-il été construit ?

Si de nombreuses sources sur internet affirment que le moulin à marée de Ploumanac’h remonte au XVe siècle, il n’en est rien, affirme Odile Guérin. Preuves à l’appui, la géologue qui a monté tout un dossier géologique à propos de l’édifice affirme que sa construction remonte au XIXe siècle :  Celui du grand Taouïero, à Trégastel, remonte bien au XVe siècle. Mais celui de Ploumanac’h n’a été construit qu’en 1833. 

D’après les documents compilés par la patiente géologue, il aurait été construit par Jacques Perrot, un cultivateur du cru, pour y installer sa fille et son gendre. Et, toujours selon des sources historiques, le moulin aurait changé de main en 1882, vendu pour une bouchée de pain à un certain Pierre Geffroy :  À peine 50 ans après sa construction, le moulin tombait déjà en ruine, assure Odile Guérin. La question de sa solidité n’est pas nouvelle ! 

Lire aussi : Perros-Guirec. « Ploumanac’h ne sera pas un port d’échouage »

Pourquoi cet édifice est-il si fragile ?

La clef du problème réside dans les fondations de l’ouvrage, prêche en convaincue la géologue. La digue aurait été construite sur une arène granitique, fracturée il y a de ça des millions d’années. Ces multiples fissures auraient tracé un chemin préférentiel pour les écoulements d’eau qui, à force de circuler à ces endroits, auraient altéré le granit, le rendant fragile et friable.

Une sorte de dent creuse, illustre Odile Guérin, en affirmant que  la digue est construite sur une carie.  Une carie sur laquelle sont construites les fondations de la digue et du moulin rendant de facto les édifices fragiles. Une théorie qui expliquerait les nombreux travaux réalisés sur l’ouvrage au fil des siècles, poursuit la géologue.

Des fondations peu fiables, auxquelles s’ajoutent les effets des marées et du ressac, peu tendres avec l’ouvrage.

Quelles solutions pour le préserver ?

Odile Guérin est formelle : il faut préserver ce moulin à marée, véritable symbole de Ploumanac’h. Mais il faudra envisager  des solutions durables pour sauver ce bâtiment, surtout dans un contexte de réchauffement climatique.  Pas question de tenter de renforcer l’ouvrage en y injectant du béton :  Si les fondations sont pourries, ça ne sera qu’un pansement sur une jambe de bois. 

Si elle admet sortir de son champ de compétences, Odile Guérin ne voit qu’une seule solution :  Démonter le moulin et la digue pour creuser la dent creuse, et y implanter de nouvelles fondations avant de remonter l’ensemble à sa place.  Une méthode ambitieuse, qui permettrait de rehausser la digue, en anticipant le réchauffement climatique et la montée des eaux :  Ça serait forcément un peu plus onéreux qu’une réparation de façade, mais l’investissement permettrait de ne plus avoir à se préoccuper du moulin de Ploumanac’h pendant les 100 prochaines années. 

Reconstruire le passé tout en participant à protéger l’avenir ? Odile Guérin propose ici un projet ambitieux, certes, peut-être même déraisonnable, mais à la puissante portée symbolique.







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