CROISIERE AU VENEZUELA 2015

JOURNAL DE BORD

 



DIMANCHE 5 JUILLET



C’est parti !



Afrodite se dandine dans la houle du grand large, à 120 ° du vent, au portant.



Les conditions météo sont satisfaisantes – le pilote tient bien – nous sommes face à face avec l’immensité du ciel et de la mer….la mer et le vent se sont calmés -



L’onde tropicale qui devait affecter l’arc antillais aujourd’hui commence à nous rattraper = le ciel s’est lentement voilé depuis midi et nous envisageons ce qu’il faudra anticiper pour la nuit prochaine, peut-être affaler complètement la GV et finir sous génois seul ?



Vers 7 heures j’ai aperçu une embarcation au loin à l’horizon = au début j’ai pensé que c’était nos amis mais finalement c’était un pêcheur ! pas un pirate ni un malfaisant… et il y avait un long filet avec des piquets de flotteurs à fanion tout autour de lui !



La moyenne est d’environ 5,3 nœuds et nous nous en contentons, malgré de belles filées à 9 nœuds dans certains surfs hier



 



Voilà



 



La lune ne se lève que vers 22 h si bien que nous avons une très bonne visibilité en seconde partie de cette nuit –



 



Durant mon quart de la nuit dernière j’ai renoué avec la beauté de la liberté goûtée ici sans entraves….beauté de cet univers mystique et fascinant pour la cérébrale romantique intravertie que je suis….beauté de ces moments magiques où le temps n’existe plus et où les rêves peuvent devenir réalité…. Ces moments troublants où tout flotte dans un halo…



 



A demain depuis la Blanquilla



 



Barbara et Afrodite



 



Les Antilles, synonymes dans notre imaginaire de plages bordées de cocotier … Parés à découvrir de nouveaux horizons, les îles du Venezuela déversent dans nos yeux émerveillés la splendeur de ses lagons, saupoudrés d’une multitude d’îles et d’îlots.



Notre première approche du Venezuela se matérialise sous la forme de petites îles insignifiantes sur la carte marine : La Blanquilla. Une escale marquante dans notre voyage. Loin de tout et hors du temps, les quelques familles de pêcheurs qui y vivent réchauffent nos cœurs de leur accueil, et réveillent nos âmes d’une joie festive au son de la guitare, à la lueur du feu de bois. Un peu plus loin, les îles désertes des los Roques et las Aves nous apprennent la vie en autonomie dans un paradis fait de lagons, d’îles aux plages splendides, de fonds sous-marins riches et colorés, une réserve naturelle saturée d’oiseaux et de poissons, dont des centaines de dauphins. Le rivage alterne entre d’étonnants paysages désertiques et des villages aux ambiances authentiques. Les iles du  Venezuela, une vraie escale coup de cœur.



La navigation = premières journées idylliques, houle infime qui n’ose même pas secouer nos estomacs, courant qui nous propulse à la vitesse de 5 à 7 nœuds, petit air régulier de sud-est qui lisse nos voiles… et notre reacher. Nous osons enfin le dérouler, cette encombrante voile que nous pensions compliquée à manœuvrer à deux, et qui était restée longtemps, trop longtemps, enfermée dans la soute…



Immense et légère bulle colorée qui entraîne Afrodite vers l’avant, qui frissonne, se plisse un instant avant de retendre son tissu bariolé. Chaque soir, le soleil nous quitte, poursuivant sa flamboyante route vers l’ouest, et chaque matin, c’est vers l’est que nous le retrouvons, jetant ses couleurs orangées dans le ciel qui vient de se réveiller. Là où, le soir, la lune se lève aussi, s’extirpant de son écrin de nuages, dorée au début, argentée ensuite, devenant blafarde à son coucher, se diluant dans la lumière du jour naissant.



La première nuit, tête levée vers le ciel pendant mes quarts, reconnaître enfin quelques unes des constellations stellaires apprises autrefois, pour déchiffrer un univers qui m’a toujours émerveillée pendant nos diverses traversées, mais où chaque point lumineux signifie un petit peu, et sur lesquels nous tentons d’apposer un nom...



Les occupations terrestres s’évanouissent, fini la radio et ses actus déprimantes et répétitives, nos pensées uniquement concentrées sur la mer, il n’y a plus qu’elle dans nos têtes et tout autour de nous. Repos de l’esprit, sérénité de l’âme.



Les manœuvres de voiles s’enchaînent, nos gestes aussi, comme des réflexes, les mots devenant presque inutiles, chacun connaissant son rôle et complétant les actions de l’autre. Les quarts se suivent selon le même rythme, celui qui nous convient le mieux, Barbara débutant la nuit, Jean la finissant.



Afrodite prend sa modeste place sur la mer, son équipage prend en main son fidèle navire, et nous courons tous sur la mer somptueusement bleue, merveilleusement scintillante..



 



Deuxième jour de mer, l’après-midi. Le ciel se voile, des nuages plus foncés par rapport aux cumulus habituels se forment. Dans les grains, ciel et mer s’obscurcissent en un même magma ténébreux, puis l’horizon se dégage, et nous surveillons cette météo évolutive, sans nous en inquiéter réellement. L’onde tropicale arrive comme prévu, sans amener de pluie, mais le vent forcit, siffle soudain dans les haubans, il nous faut désormais affronter un vent force 7 momentané, toutes voiles réduites, la direction ayant changé. La mer, solidaire du vent, se forme, devenant dure et hachée. Le plan d’eau reste maniable, pas besoin de fuir au vent arrière. Une heure seulement de ce régime-là, jusqu’au milieu de la nuit. Prudents face à ces formations nuageuses à présent familières, apparaissant de préférence le soir, nous apprenons dès lors à les contourner, à les éviter.



Le cadeau est pour mon quart, 5h du matin : l’horizon se noircit non pas d’un grain mais d’une terre : la Blanquilla surgit à bâbord. Toujours l’impression de vivre un moment à part en mer, qui ne ressemble pas à un moyen de transport pour rallier un point A à un point B, mais une aventure à vivre en elle-même. L’arrivée sur une terre me surprend donc toujours.



L’île dévoile ses contours plats peu à peu et des odeurs iodées titillent mes narines, dans la chaleureuse lueur matinale, elle se dessine au milieu du bleu aquatique et du bleu céleste. Enfin atterrir sur une île, il y avait longtemps que je l’attendais.



 


NUIT DU LUNDI 6 AU MARDI 7 JUILLET



Vers 21 heures un phénomène de vents tournants soudain m’a surprise à la barre me faisant faire un tour complet et fuser les noms d’oiseaux de la part du Cap’……Il a fallu affaler la GV et enrouler le génois, ça a monté à 30 nœuds, et puis pus rien, c’était passé ?!... on est reparti sous foc seul, entier, et ça avançait de nouveau bien, presque mieux qu’avec toute la toile, le foc n’étant plus déventé on pouvait faire un meilleur cap au vent arrière ! En fait il aurait fallu  mettre le reacher mais on a eu la flemme….



Les cents derniers milles vont donc se poursuivre ainsi, sauf qu’à la toute fin le vent nous finissons par mettre le reacher qui nous fait passer de trois nœuds à cinq !…. Nous sommes arrivés à 13 heures, retrouvant le voilier ami Karkaïla avec Daniel et Brigitte qui nous attendaient et nous avaient concocté un vrai bon brunch revigorant… ! puis finalement, l’Oceanis 45 de Michel et Nicole est arrivé mercredi  à 11 h - en avance donc, n’ayant quitté l’ile de Grenade que mardi matin)  et c’est sur Afrodite que nous nous sommes retrouvés tous les six attablés dans le cockpit gigantesque pour un repas de poissons pêchés par Jean et Daniel  le matin même ( bourses = balistes), rougets = barbarins), carangue et coulirou, un gros perroquet arc-en ciel aussi. Une grande galetouse de patates sautées, un clafoutis et une salade apportée par Brigitte, et nous voici rassasiés…dans l’amitié marine partagée…



Puis les Baloo, qui eux partaient des Deux Pitons à Sainte Lucie sont arrivés à leur tour dans l’après-midi



Ar-ri-vés !



Bonjour la Blanquilla



Au mouillage des 3 palmiers de El Yaque, la plage est magnifique. Nous plongeons tous en PMT (Palme-Masque-Tuba).  Le mouillage est un peu rouleur. Mais les enfants sont ravis, ils peuvent construire des châteaux de sable et bien s’amuser



Le lendemain, vendredi 10 juillet, excursion à pied en direction de l’Anse de l’Américain, Playa del Americano. Il y a un ancien minuscule aéroport qui a été construit par un Américain qui avait pu avoir une petite concession sur l’ile. Au début il servait à faire atterrir les riches milliardaire qui venait sur leur yacht puis vu l’emplacement désert c’est vite devenu un haut lieu d’échange de drogue et du coup l’aéroport a été fermé. Nous y allons donc accompagné de tous les équipages, soit 13 personnes dont trois enfants. Nous avons pour seuls voisins des ânes sur la plage, des pélicans qui plongent autour de nous, des fous et des frégates.



Des lanchas (bateau de pêcheurs venezueliens) passent tous les jours pour vendre leur pêche…



 

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Mardi nous allons à Gran Roque, ile principale des Roques, où nous allons faire nos papiers d’entrée et espérons trouver des œufs, de la farine, des légumes… et internet…

Il y a deux petites épiceries (supermercado), 2 cybercafés. Du coup nous trouvons notre bonheur (ici il faut se contenter de ce qu’on trouve …ici le ravitaillement des magasins se fait uniquement le jeudi. ?).Nous  sommes contents !!!

Direction Noresqui, Sarki ( Starski et Hutch).

Nous décidons d’aller à Cayo del Agua, complètement à l’ouest. Là nous pêchons 2 langoustes. Les fonds sont beaux, nous voyons beaucoup de coraux, des coraux en forme de corne d’élan, des quantités d’éponges et une multitude de poissons anges.


A Dos Mosquis se trouve une ferme de tortues (et seulement ça !!!). Mais ce n’est pas une ferme telle qu’on les connaît en France. Le but n’est pas d’attirer le touriste mais de préserver certaines espèces de tortue. Ils les récupèrent dès leur naissance sur les plages puis les gardent quelques mois dans des bassins pour éviter que les oiseaux, les gros poissons ne les dévorent. Puis lorsqu’elles sont assez grandes ils les lâchent sur la plage.


Cap sur Bequeve, où il y a une belle barrière de corail et sur l’ile des Fous de Bassan couvant leurs œufs à même le sol. Nous descendons à terre pour les prendre en photo, ramasser quelques coquillages…


Les hommes vont pêcher. Jean nous ramène 1 langouste, 2 pagres et 1 petit barracuda. Nous avons à manger !

J

Le temps passe vite, nous commençons à envisager notre départ pour les Avès.

J           

 



 



 


 



SAMEDI 11 JUILLET



J’ai fait un petit calcul concernant l’heure de départ demain de la Blanquilla afin que nous arrivions après le lever du jour aux Roques car la barrière de corail est dangereuse, surtout que nous avons prévu d’arriver par la passe sud de l’archipel : Boca de Sebastopol = 11°46.61 N / 66°34.85 W.
Le phare en forme de sucre d’orge rouge et blanc est fait d’un empilement de tronçons cylindriques en polyester et sa fréquence est de 6 secondes avec une portée de 11 milles.



En fin de nuit, de quart à ce moment là, je réveille Jean :
"Ce n'est pas normal, des dauphins courent devant le bateau en poussant des cris et en allant à l’étrave d’un bord à l’autre comme pour nous faire changer de direction, il doit y avoir un danger droit devant !"
Il me certifie que c’est impossible, que nous sommes encore beaucoup trop loin des Roques.
Comme j’insiste, et que, maintenant, il est bien réveillé, il sort son sextant. Le ciel est magnifique, il fait rapidement un point d’étoiles et… surprise ! Nous voici déjà à 5 milles des Roquès...



Comme d'habitude, le phare est en panne ! et le courant portant nous a surpris. Notre vitesse a presque doublé !



Par contre une grande nouveauté, et de taille : il y a maintenant des bouées pour marquer la passe d’entrée dans le chenal, des rouges et des vertes, ce doit être des bonbonnes de gaz ? mais c’est bien pratique et il va falloir le faire savoir aux navigateurs….



Avec ses 50 îlots et ses quelques 200 bancs de sable, l’archipel de Los Roques est une oasis marine d’une extraordinaire beauté et d’une grande richesse biologique. Parc naturel depuis 1972, situé à 168 km du littoral, il s’étend sur 36 km d’Est en Ouest, et 25 km du Nord au Sud. La barrière de corail qui l’entoure est l’une des plus grandes du monde.



Ses plages de sable blanc, ses récifs coralliens, ses lagons et ses mangroves servent de refuges à plusieurs centaines d’espèces animales, principalement des oiseaux (colonies de flamants roses, pélicans, frégates, hérons, rapaces) et des poissons tropicaux d'une taille et d'une beauté rares.



Les couleurs y sont reines, depuis l’éblouissant sable blanc jusqu’aux couleurs bleues, vertes et turquoises des lagons. Ces paysages resteront à jamais gravés dans la mémoire de celui ou celle qui aura la chance de les admirer…



à l'archipel de Los Roques à l’entrée du chenal des Bouches de Sébastopol (pourquoi ce nom ??) , nous sommes prêts à envisager avec notre petite armada un slalom à vue entre les coraux. Mais grande nouveauté : des balises marquent cette année l’entrée du chenal !! Nous décidons donc de rejoindre directement et sans aucun problèe  l’ilot de Buchiyaco au sud de l'archipel


.


Le lieu est superbe :  eau turquoise et fonds sous-marins peuplés de superbes coraux et poissons. Depuis le départ, c'est sans doute le plus bel endroit où Afrodite mouille cette année, elle ne connaissait pas encore... Aucune civilisation, seuls 3 bateaux sur place = notre petite escorte ! A peine le petit déjeuner enfilé, nous sautons tous à l'eau pour visiter un banc de corail voisin. Juste superbe, le statut de réserve de l'archipel permet une grande vie sous-marine en effet ! CQFD… ?


 


Les quelques 800 habitants de l’archipel sont regroupés sur l’île de Gran Roque, où se trouvent également la piste d’atterrissage et quelques petites auberges. L’exceptionnelle beauté du site n’est donc gâchée par aucune infrastructure moderne et représente un véritable paradis pour les amateurs d’authenticité et de tranquillité, en pleine relation avec une nature fascinante, quasiment inexplorée.



Nous sommes partis vers Los Roques samedi midi 11 juillet. Ce sera 27 heures de navigation pour 135 miles nautiques. Pas mal ! Le décor est superbe. Nous assistons à un dégradé de bleus allant du bleu le plus clair au bleu le plus foncé. La plongée s’annonce extraordinaire, au milieu d’immenses poissons perroquet arc-en-ciel, de bourses « graffiti » et de carangues.



Les Roques nous séduisent, tous les quatre bateaux auxquels nous les faisons découvrir : Monique et Marc sur « Baloo », Nicole et Michel sur «  SeaYouSoon » et Daniel et Brgitte sur leur « Karkaïla » -



Que du bonheur



 



 


Escale à BUCHIYACO


12-13 juillet 2015


Quelle joie de tous nous retrouver et de voir qu’en un an les travaux de signalisation du chenal ont été faits, facilitant l’accès des navigateurs par cette passe sud, très impressionnante quand on ne connaît pas, car se faisant entre des récifs coralliens affleurant…


Vive le progrès ! on verra si cela se sent sur le prix de la clearance d’entrée !?


Hier soir dimanche grande fiesta sur « Seayousoon » ! à 13 !


Ce matin Baloo part pour Gran Roque faire ses formalités


Les trois qui restent vont à la pêche aux burgos sur la barrière du restan = deux seaux pleins


En revenant on pêche des lambis et jean les invite à venir prendre une leçon de décorticage des bestioles ! caméra au poing Michel filme. Le cockpit résonne d’éclats de rires et de bonnes rigolades…


Verdict demain car je suis de cuisine


Ce soir dîner des burgos préparés par Brigitte


 


L'archipel de los Roques



 



Nous vous proposons cette escapade dans les îles de Crasqui, Sarqui, (Starsky et Hutch..),  Espingui et Bequeve, afin de découvrir les un des joyaux du Venezuela : le parc national de Los Roques.



Le voyage en résumé :



Lagon de 100 km², le parc national de Los Roques abrite 360 îles, îlots et bancs de sable. Paradis des tortues à bec, c'est un vivier naturel, aux fonds sous-marins d'une grande richesse. Protégé par une grande barrière de corail, caressé par les Alizés, il ne connaît ni cyclones ni tempêtes tropicales. Les lagons y sont émeraude ou pistache, bleu cobalt ou lapis-lazuli, les mangroves carmin et mauve…



 


 


 



Départ pour Les Aves, archipel plus à l'ouest distant de 33 miles nautiques.



 



L'après midi, balade sur l'île et découvrons une langue de sable reliant l'île principale à l'île du phare. Phare en anneaux de fibre de verre posés les uns sur les autres. On est loin de nos phares bretons en granit…



 



Jour suivant, direction un autre banc de corail encore plus beau que celui de la veille. Nous nous faufilons au milieu d'architectures improbables avec des autochtones plus colorés les uns que les autres. On en redemande et nageons jusqu'à plus soif. L'après midi sera consacrée à une balade jusqu'au phare en « mitraillant » de photos tout ce qui nous entoure



 

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