CORTO MALTESE
Plusieurs semaines sans voir personne c'est sûr il faut s'occuper et la lecture est la bienvenue
Voici un petit aperçu des meilleurs livres à commencer par les aventures de Corto ( clin d'oeil à mon ami Albert du voilier Corto, gran fan de Hugo Prat )
Corto Maltese : sous le signe du Capricorne (Hugo Pratt)
« Corto Maltese : sous le signe du Capricorne » de Hugo Pratt, a été publié en 1970 par épisodes dans un magazine pour jeunes alors bien connu (je parle du très contesté communiste Pif gadget !) .
Corto Maltese est un personnage culte pour les amateurs de bande dessinées.
Ce bel aventurier anglo-espagnol du début du XX ième siècle a en effet fait rêver bon nombres de lecteurs par ses aventures maritimes mystérieuses et exotiques.
Scindé en huit chapitres, « Corto Maltese : sous le signe du Capricorne » ne déroge pas à la règle et débute par une aventure complexe en Guyane hollandaise où en 1916, Corto en pension chez son amie Madame Java, rencontre un jeune homme appelé Tristan Bantam, qui lui demande son aide pour interpreter les cartes légués par son scientifique de père et découvrir Mu, un royaume englouti situé dans le haut Brésil.
Mais au cours de la discussion, une femme noire adepte du Vaudou fait irruption pour révéler par énigmes à Tristan que sa demi sœur Morgana l’attend au Brésil !
Flanqué de son ami le professeur Steiner, ex scientifique rongé par une alcoolémie galopante, Corto accepte d’aider le jeune homme à aller au Brésil.
Avant de partir il doit pourtant faire face à la menace de deux hommes armés qui cherchent à tuer Tristan.
Sur le chemin, le trio rencontre un forçat en cavale appelé Cayenne et d’étranges indiens qui lui parlent par énigmes du continent Mu protégé par les esprits.
Cette impression de bizarre se confirme à Bahia où au contact de sa demi sœur mystique, Tristan fait d’étranges rêves.
Après avoir neutralisé l’avocat anglais Milner, ex ami du père de Tristan, cherchant à le déposséder de ses secrets, Corto décide de se rendre à Itapoa pour rencontrer Bouche Dorée la maitresse de magie de Morgana.
Sur place, en échange de mille livres sterling, Bouche Dorée propose à Corto de porter des armes et de l’argent à des guérilleros en rébellion contre les propriétaire terriens.
Corto accepte, s’enfouit dans la jungle du Sertao, permettant aux guérilleros emmenés par leur chef Tir Fixe de renverser les propriétaires et leurs mercenaires mais contre attente refuse au final l’argent proposé par Bouche Dorée.
De retour à Itapoa, surgit un nouveau personnage, le baron autrichien Von Manteuffel secondé par un immense colosse togolais appelé Casse Mâchoires qui met physiquement à mal Corto.
Les recherches du trio l'orientent vers l’ile de Maraja mais le font tomber sur le baron autrichien Von Manteuffel qui commande un croiseur allemand venu se ravitailler avant de poursuivre sa guerre contre l’Angleterre.
Après une lutte confuse, Casse Mâchoires révèle être comme Morgana et Bouche Dorée un espion à la solde des Britanniques chargé d’informer les Brésiliens pour couler un bateau à l’entrée de l’estuaire de l’ile afin de bloquer le croiseur allemand.
Le plan réussit, même si Casse Mâchoires y perd la vie.
Corto indique que le navire brésilien a été coulé sur un emplacement sensé receler le trésor de galions hollandais coulés en 1580.
L’aventure se poursuit ensuite avec un trésor caché sur une ile dont l’emplacement est donné par quatre As détenus par des aventuriers divers appelés "les gentilhomme de fortune".
Détenteur d’un As, Corto entre en contact avec Miss Ambigüité de Poincy descendante d’un de ses gentilshommes et également à ce titre détentrice d’un as.
Mais il se heurte à son vieux rival le moine russe Raspoutine, détenteur lui aussi d’un As et désireux de s’emparer des autres par la force.
Arrivé sur place avec Corto, Ambigüité et ses hommes de main, Raspoutine se heurte à la farouche résistance du gardien à demi fou du trésor qui n’hésite pas à tirer sur les chercheurs d’or au canon pour se défendre.
Au cours de la fusillade, le gardien et Ambigüité sont tués mais Corto révèle à Raspoutine blessé et furieux que le trésor caché dans le canon a en réalité été détruit par l’assaut.
Le dernier volet de l’histoire a lieu une nouvelle fois sur une ile perdue du Honduras où Corto blessé, esseulé et amnésique est pris dans une sombre histoire de règlements de compte entre descendants d’évangélistes.
Si le style sobre, dépouillé et gracieux de Pratt confère un certain charme aux histoires du marin aventurier, il faut reconnaitre que les histoires sont presque toutes plus emberlificotées et nébuleuses les unes que les autres et donnent l’impression de servir de prétexte aux évolutions exotiques d’un héros tout en "coolitude".
Difficile d’accrocher donc à ses histoires de trésors et de magie ponctuées de quelques fusillades et de bagarre à l’ancienne d'où bien entendu Corto sort toujours on ne le sait comment vainqueur.
Beau, viril, détendu, énigmatique et distant, Corto Maltese est en quelque sorte l’incarnation du fantasme masculin de l’aventurier indépendant et insaisissable.
Corto Maltese, la cour secrète des arcanes (Pascal Morelli)
Corto Maltese, de Hugo Pratt fut adapté en film d’animation en 2002 par Pascal Morelli.
« Corto Maltese, la cour secrète des arcanes » est adapté d’une aventure de Pratt écrite en 1979 projetant l’aventurier anglais dans les remous complexes de la Révolution russe de 1919.
Le film débute pourtant en Asie, à Hong-Kong où Maltese (voix grave et sensuelle de Richard Berry) apprend de sa vieille amie sorcière Bouche Dorée la situation particulièrement agitée en Europe en raison de la Révolution communiste qui déchire la Russie des Tsars en une guerre civile.
Mais Hong-Kong reste une ville mystérieuse et dangereuse pour Maltese qui y rencontre l’énigmatique Raspoutine (voix de Patrick Bouchitey) au comportement erratique parfois menaçant, est embarqué par la police anglaise et échappe de peu à une tentative de meurtre perpétrée par une secte asiatique.
Pourtant Cortese jouit de la protection de Bouche Dorée et de celle de la secte des Lanternes Rouges qui lui envoie trois messagers féminins lui proposant de mettre à contribution ses talents d’aventurier pour dérober l’or impérial rapatrié par train en Sibérie par l’amiral Koltchak afin d’échapper à la razzia communiste et d’entretenir la contre révolution blanche.
Fidèle à lui-même et malgré les dangers encourus, Cortese accepte le marché et fait équipe avec Raspoutine plus motivé bien entendu par l’appât du gain.
Ils embarquent tous les deux sur un navire pour gagner la Mandchourie et tenter d'intercepter le train mais sont agressés à bord par une secte concurrente.
La bataille à coups de couteau, pistolet et mitrailleuse est tellement féroce que le navire prend feu, laissant Corto comme seul survivant sur une plage.
Il est récupéré à Shanghai par le général Tchang Tsao Lin, membre puissant, cruel et machiavélique de la secte des Dragons Noirs qui le relâche pour mieux le faire suivre afin d’être mené par lui jusqu’au train d’or.
A Shanghai, Corto réussit par l’intermédiaire d’un major américain Tippit, à prendre place dans un train dirigé par une fantasque duchesse russe, Maria Semanova (voix de Marie Trintignant) avec la ferme intention de se rendre en Sibérie.
Le premier contact est rude puisque l’avion embarquant Tippit et Maltese est abattu par les gardes du corps de la duchesse mais pourtant les deux hommes parviennent à monter à bord du Transsibérien où règne un luxe décadent.
Bien entendu, Corto ne perd pas son temps en chemin et séduit la duchesse aux mœurs assez libérées qui le met en garde contre son ami Semenov, chef de guerre cosaque qui à la tête d’un puissant train armé de canons cherche également à récupérer l’or impérial.
En réalité la duchesse manipule Corto, le mettant dans les griffes d’un ennemi puissant tandis qu’elle va elle-même récupérer l’or impérial.
Corto est pourtant contraint de se placer sous la protection du chef militaire qui essaie rapidement de le tuer.
Habile, il échappe à ses tueurs et rencontre dans une tempête de neige, l’impayable Raspoutine, semblant comme à son habitude surgir de nulle part.
Dans cette intrigue compliquée, Maltese et Raspoutine reçoivent l’aide d’un officier russe appelé Nino, qui travaillant pour les Lanternes Rouges leur permet de rentrer dans le train de Semenov lancé à la poursuite de celui de la duchesse.
Quand Semenov bénéficiant de la puissance de ses canons, prend possession du train d’or, la situation se complique davantage avec l’irruption de Nino, de tueurs des Dragons Noirs et de Shangai Li (voix de Barbara Schulze) espionne des Lanternes Rouges infiltrée comme courtisane du chef militaire.
Dans le chaos le plus total, la duchesse, Nino et Semenov sont tués et le wagon chargé d’or tombe dans le grand lac glacé des trois frontières.
Après une courte (mais mémorable !) entrevue avec le baron allemand Ungern, chef des russes blancs et contre révolutionnaire illuminé, Corto se retrouve pris dans une guerre entre Tchang et ses hommes venus chercher l’or et le chef de guerre mongol Soukhé Bator allié des Lanternes Rouges et proche de Shangai Li.
La lutte tourne au désavantage de Tchang dont le train est précipité dans le vide après l’explosion d’un pont.
Mais on ne sait pas trop comment, Corto survit au drame !
Il retrouve Shangai Li, qui lui présente son mari, qui ignorait tout de son appartenance aux Lanternes Rouges.
Elle lui révèle que l’or exhumé des profondeurs du lac aura une finalité pacifique puisqu’il servira à la construction d’une centrale électrique profitant à la Chine, l’URSS et la Mongolie.
Bien que semblant déçu de trouver Shanghai Li mariée et donc peu disponible, Corto choisit de poursuivre sa destinée d’aventurier solitaire.
Au final, « Corto Maltese, la cour secrète des arcanes » est une œuvre graphiquement superbe, surpassant même en qualité le travail finalement assez sobre des bandes dessinées de Hugo Pratt.
Le réalisme de l’animation, la beauté des paysages vous transportent dans une aventure des plus exotiques aux confins de l’Asie et de la Sibérie.
Coté fond, l’histoire est certes plaisante, mais comme souvent avec Pratt, horriblement compliquée avec l’apparition de multiples personnages aux rôles assez énigmatiques.
La réalisation de Morelli reprend le rythme lent, nonchalant et parfois exaspérant de Pratt avec un style volontiers littéraire (Moore et Chateaubriand sont cités).
Un film qui reste donc fidèle pour le meilleur et le pire au style de la bande dessinée, avec pour le pire la lenteur, la complication extrême des intrigues et pour le meilleur un style unique élégant sublimé par la beauté de l’animation.
A voir et à lire donc comme une belle curiosité.
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