L'AMOCO CADIZ IL Y A 40 ANS
Des déchets de l’Amoco Cadiz pourraient ressurgir
ACTUALITÉ
Jean-Daniel Simon, maire de Porspoder, s’inquiète. « D’après les anciens du village, il existe des fosses non répertoriées où sont enfouis les déchets mazoutés de l’Amoco Cadiz. »
Il y a 40 ans, le pétrolier libérien s’échouait au large de Portsall, à dix kilomètres au nord de sa commune. 227 000 de tonnes de pétrole s’étaient répandues sur plus de 300 km de côtes. Les déchets ont été évacués ou bien enterrés dans des fosses et rendus inertes à la chaux.
« Pas sûr que cela fut le cas à chaque fois, craint aujourd’hui Jean-Daniel Simon. À l’époque, l’organisation n’était pas très bien rodée. »Aujourd’hui, le trait de côte reculant avec l’érosion, « les fosses, répertoriées ou non, risquent d’affleurer. Si les déchets n’ont pas été rendus inertes, il y a un vrai risque ! » Si ce mazout entre en contact avec l’homme, les animaux ou la mer, il existerait alors un risque sanitaire et écologique.
Question résidus mazoutés, Bernard Fichaud, géographe et maître de conférences à l’UBO, en connaît un rayon. Après la marée noire, il a fait des relevés le long des côtes pour le syndicat mixte de défense des communes du littoral nord de la Bretagne. Ces fosses oubliées, il n’y croit pas. « Il faut se méfier de la mémoire des anciens. Les fosses sont soit vidées, soit traitées efficacement. »
Manque de moyens
Créé en 1959, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) gère les ressources et les risques du sol. Grâce aux archives et aux relevés effectués, il a réalisé un premier inventaire des fosses de l’Amoco Cadiz en 1994. Dix-huit sites de stockage ont été localisés dans le Finistère. Un autre recensement, en 2012, décompte 394 sites.
Mélanie Bardeau, directrice régionale du BRGM, le reconnaît : « Aujourd’hui encore, des imprécisions subsistent. Nous ne sommes pas contre une cartographie réactualisée mais nous manquons de moyens. »
Jean-Daniel Simon veut créer un groupe de travail regroupant scientifiques et élus de tout bord pour créer cette nouvelle carte. Vigipol, le syndicat mixte de protection du littoral breton, approuve la démarche. « L’érosion change la donne. Il faudrait faire des vérifications, prévoit Sophie Bahé. Nous allons donc rouvrir le dossier. »
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