BEAUNE

Beaux-Arts

Le Bon, le Chancelier et le Téméraire au temps de la Toison d'or

Trois sites historiques de Beaune, en Côte-d'Or, retracent le destin de ces figures influentes du duché de Bourgogne quand flamboyait l'emblamatique ordre de chevalerie.

Les Hospices de Beaune.

Les Hospices de Beaune.



Beaune n'a d'yeux que pour l'ordre de la Toison d'or
 
 
 conseil "expo" : 

Jusqu'au 31 mars, l'ordre de la Toison d'or, créé en 1430 par Philippe le Bon, se retrouve au coeur d'une triple exposition à Beaune, en Côte-d'Or : les Hospices de Beaune, l'Hôtel des Ducs de Bourgogne et la Porte Marie de Bourgogne rassemblent tapisseries, statues, portraits et autres broderies, dont certaines très rares.

Pourquoi il faut la voir. Cette "exposition d'envergure retrace la saga de la Toison d'or à travers le destin et les représentations de ces figures influentes : Le Bon (Philippe), le Chancelier (Nicolas), mais aussi le Téméraire (Charles, fils et successeur du premier)", détaille notre journaliste Letizia Dannery.

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Le 10 janvier 1430, Philippe le Bon, 33 ans, crée, à Bruges, l'ordre de la Toison d'or, à l'occasion de son mariage avec Isabelle de Portugal, sa troisième épouse. Pour établir sa confrérie, inspirée du mythe grec de Jason et des Argonautes, le duc de Bourgogne réunit 24 chevaliers issus de l'élite aristocratique de ses États autour d'un credo : "L'exaltacion de la foy et de saincte Eglise et excitacion de vertus et bonnes meurs." Dans le premier cercle de Philippe gravite alors le chancelier Nicolas Rolin. Son extraction bourgeoise ne lui permet pas d'intégrer l'ordre, mais il œuvre dans l'ombre pour son prestige.  

"Portrait de Nicolas Rolin" et "Portrait de Guigone de Salins", polyptyque du "Jugement dernier", milieu du XVe siècle.

"Portrait de Nicolas Rolin" et "Portrait de Guigone de Salins", polyptyque du "Jugement dernier", milieu du XVe siècle.

©Hospices civils de Beaune/ Francis Vauban

Treize ans plus tard, le 4 août 1443, le même Nicolas Rolin acte la fondation des Hospices de Beaune au côté de sa femme, Guigone de Salins. Pour ce personnage aussi puissant que craint, coureur de jupons et semeur de rejetons illégitimes, l'heure est venue de se mettre en règle avec le Très-Haut. Son hôpital consacré aux "pôvres" leur offre une architecture somptueuse et un chef-d'oeuvre de la peinture flamande : Le Jugement dernier, polyptyque signé Rogier van der Weyden, sur lequel le généreux commanditaire et son épouse figurent à genoux et mains jointes.  


"Le Christ de piété" (le "Piteux"), vers 1450, a été descendu de sa haute console et réétudié.

"Le Christ de piété" (le "Piteux"), vers 1450, a été descendu de sa haute console et réétudié.

©Hospices civils de Beaune/ Francis Vauban

Aux Hospices, musée de l'Hôtel-Dieu, le Christ de piété, dit Le Piteux, a été descendu de sa haute console pour être admiré au plus près de son regard supplicié. De l'émouvante statuaire en chêne polychromé, on ignore l'origine, même si "des études récentes l'attribuent à Jan Borman, l'un des meilleurs imagiers brabançons du XVe siècle", précise Bruno François, chargé des collections de l'Hôtel-Dieu. Dans la "Salle des Pôvres", l'iconographie christique, incarnation des indigents aux yeux du Chancelier et de ses contemporains, est omniprésente : sur la charpente, la clôture de la chapelle, le vitrail figurant la Crucifixion, et, dans le rôle du juge suprême, le panneau central du Jugement dernier.  

"Coffret à la Toison d'Or", vers 1472, Chimay, Trésor de Wallonie.

"Coffret à la Toison d'Or", vers 1472, Chimay, Trésor de Wallonie.

©Bruxelles IRPA

Ici ou là, des oeuvres rares, prêtées par différentes institutions septentrionales, s'ajoutent aux collections beaunoises. Porte Marie de Bourgogne, un précieux Coffret à la Toison d'or de Chimay (Hainaut) et des pièces d'orfèvrerie issues des grands centres de production que sont alors Mons, Namur ou Tongres. Aux Hospices, des ouvrages de broderie, dont le Chaperon d'une chape de Lausanne, inspiré par Van der Weyden. A l'Hôtel des Ducs de Bourgogne, dédié au siège de Constantinople et à la fin de la guerre de Cent Ans, une Couleuvrine conservée au musée royal de l'Armée de Bruxelles. Toutes témoignent du rayonnement du duché, avant son démantèlement en 1477, à la mort du Téméraire, qui marque la fin de la Bourgogne ducale. Mais pas de la Toison, aujourd'hui l'ordre le plus prestigieux d'Espagne.  

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