Un extrait de la couverture du prochain album, «Le dernier Espadon».
Ed. Blake & Mortimer Studio Jacobs (Dargaud-Lombard s.a.), 2021
«J’ai un attachement particulier pour «Le secret de l’Espadon». C’est comme la première fille qu’on a embrassée, on n’oublie jamais une telle émotion.» Déjà scénariste de trois aventures de Blake et Mortimer, Jean Van Hamme signe le prochain album du duo, «Le dernier Espadon», à paraître le 19 novembre. Le dynamique octogénaire donne une suite au récit qui l’a le plus marqué. Dessiné conjointement par Teun Berserik et Peter Van Dongen, cet opus attendu s’inscrit dans une lignée déjà riche de 28 ouvrages. Des hors-séries explorent aussi l’univers de Blake et Mortimer. Parmi eux, «La Fiancée du docteur Septimus» publié à l’occasion du 75e anniversaire, permettent au scénariste François Rivière et au dessinateur Jean Harambat de s’approprier les personnages de Jacobs dans un hommage au cinéma fantastique. PMU
Signé Jean Van Hamme au scénario et mis en images par un duo de dessinateurs, le nouvel album de Blake et Mortimer vaut le détour. Voici pourquoi.
Philip Mortimer a inventé les Espadons, armes volantes aussi géniales que terrifiantes. Le bouillant homme de science est remis en cause dans «Le dernier Espadon».
Éditions Blake & Mortimer Studio Jacobs (Dargaud-Lombard s.a.), 2021
Il avait pourtant juré qu’on ne l’y reprendrait plus. Après trois scénarios pour «Blake et Mortimer», Jean Van Hamme estimait qu’il avait fait le tour des personnages créés par Edgar P. Jacobs. Mais après que sa femme Huguette ait assuré à l’éditeur de la série qu’il était partant pour un quatrième album, le célèbre raconteur d’histoires s’est retrouvé au pied du mur.
Philip Mortimer a inventé les Espadons, armes volantes aussi géniales que terrifiantes. Le bouillant homme de science est remis en cause dans «Le dernier Espadon».
Éditions Blake & Mortimer Studio Jacobs (Dargaud-Lombard s.a.), 2021
Il avait pourtant juré qu’on ne l’y reprendrait plus. Après trois scénarios pour «Blake et Mortimer», Jean Van Hamme estimait qu’il avait fait le tour des personnages créés par Edgar P. Jacobs. Mais après que sa femme Huguette ait assuré à l’éditeur de la série qu’il était partant pour un quatrième album, le célèbre raconteur d’histoires s’est retrouvé au pied du mur.
Réflexion faite, il a accepté de rempiler, à condition de pouvoir donner une suite au récit qui l’avait le plus marqué, «Le secret de l’Espadon», découvert à 7 ans et demi dans les pages du tout premier numéro du journal «Tintin», en 1946. «Je n’avais encore jamais lu une histoire aussi réaliste. Les premières pages m’ont terrifié», se souvient l’intéressé.
Dessin en duo
Fasciné par cet épisode inaugural, Van Hamme le prolonge dans «Le dernier Espadon». Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’à 80 ans passés, le cocréateur de «Thorgal», «XIII» et autre «Largo Winch» n’a pas perdu la main. Basé sur un fait historique – l’IRA, l’Armée républicaine irlandaise, a effectivement essayé de faire exploser le palais de Buckingham durant la Seconde Guerre mondiale –, son scénario bien ficelé reste captivant de bout en bout, admirablement servi par le dessin de Teun Berserik et Peter Van Dongen.
Selon une méthode déjà rodée dans le diptyque «La vallée des immortels» en 2018 et 2019, le duo hollandais s’est partagé la tâche, chacun réalisant des pages de son côté. Hormis les spécialistes, qui distingueront une légère différence à l’encrage, bien malin qui pourrait définir l’apport de l’un et de l’autre. Une unité graphique bienvenue, qui contribue à la belle facture de cet album. Boosté par la présence du maléfique Olrik, on ne lâche pas «Le dernier espadon». Voici pourquoi.
Van Hamme l’a souvent dit: il cherche à coller au plus près à l’esprit de la série. «Je me considère comme un comédien qui jouerait à être Edgar P. Jacobs», explique-t-il. Cette fois pourtant, il fait un pas de côté en humanisant tant que faire se peut des personnages volontiers monolithiques. Peu d’émotions généralement chez ces imperturbables héros que sont Blake et Mortimer.
Yves Sente et Jean Dufaux, autres scénaristes à l’œuvre dans la saga, ont bien essayé eux aussi de donner un peu d’épaisseur à nos deux Britons. Pas évident. Van Hamme, pour la première fois, s’autorise à les malmener quelque peu psychologiquement. Devenu chef du MI5, Blake voit des gens mourir autour de lui et à cause de lui. Il s’en émeut. États d’âme aussi pour Mortimer, mis devant un fait accompli: il est le créateur d’une arme terrifiante, l’Espadon, qui a tué quantité de gens. Doit-il s’en féliciter?
Il y a des questions que l’amateur de Blake et Mortimer se pose de manière récurrente. Pourquoi Francis Blake, figure éminente du contre-espionnage britannique, ne porte-t-il que le grade de capitaine? Et quelles sont au juste ses relations avec Philip Mortimer, avec lequel il partage un appartement à Londres, au 99 bis Park Lane?
Avec pas mal d’habileté et une certaine ironie, Van Hamme esquisse un élément de réponse dans «Le dernier espadon», lors d’un repas des deux amis au Centaur Club, où on les retrouve fréquemment. Leur attitude un poil ambiguë déclenche un «shocking!» outré d’un autre convive. Rayon humour, le scénariste en profite pour épingler au passage les menus des clubs anglais, peu variés et pas forcément appétissants.
Engin mythique imaginé par Edgar P. Jacobs en 1946, l’Espadon conserve toute sa force d’anticipation. Le profil aérodynamique de ce prototype aux ailes triangulaires en a convaincu plus d’un. À commencer par les Américains, qui ont mené des recherches très sérieuses et dépensé des millions de dollars pour mettre un point un sous-marin volant ressemblant à l’Espadon.
Graphiquement, cet ancêtre des drones modernes – il était conçu à la base pour être radioguidé – continue de plaire. Parmi les planches du dernier album mises en vente ces jours par une galerie bruxelloise, celles contenant une représentation de l’Espadon sont les plus cotées.
Fidèle serviteur de Blake et Mortimer du temps de Jacobs, l’Indien Ahmed Nasir apparaît dans «Le secret de l’Espadon», «Le mystère de la grande pyramide» et «La marque jaune». Jacobs y renonce ensuite, à la suite de reproches d’un certain racisme, par ailleurs bien dans l’esprit de son époque. Van Hamme refait de lui un vaillant militaire, sergent-chef pilote d’hélicoptère. Il ironise au cours d’un dialogue sur cette fonction de maître d’hôtel qu’avait assigné Jacobs à Nasir. «Une mauvaise idée», selon lui.
Bridé par la pruderie en vigueur dans les publications jeunesse de son temps, Jacobs n’a jamais pu réellement mettre en scène des femmes, qu’il dessinait par ailleurs fort bien. Depuis, ses successeurs n’ont pas manqué d’introduire des éléments féminins dans les aventures de Blake et Mortimer.
Des héroïnes qui n’ont rien de potiches, à l’image de Marge Morrisson, la secrétaire de Blake dans «Le dernier Espadon». Loin des canons de la pin-up traditionnelle, cette boulotte proche de la retraite joue un rôle essentiel dans l’histoire, en fausse séductrice. «L’éditeur ne voulait pas qu’on la montre au lit avec un homme», raconte Van Hamme. «Nous avons fini par transiger. Elle est au lit, mais avec la couverture tirée jusqu’au menton.» Indispensable pour montrer qu’elle accomplit sa mission. Pour l’Angleterre, bien sûr, mais aussi un peu pour Blake…
«Le dernier Espadon», Blake et Mortimer t. 28. Par Van Hamme, Berserik et Van Dongen. Éd. Dargaud, 64 p.
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