UKRAINE



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Après le terrorisme islamique, les Occidentaux découvrent que l’argent des hydrocarbures sert à financer l’armée russe pour faire la guerre



Dans la nuit de samedi à dimanche, l'armée russe a frappé la base militaire de Yavoriv, également connue sous le nom de "Centre international de maintien de la paix et de sécurité". Située à moins de 20km de la frontière polonaise, elle accueillait, avant que ne débute l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février, des exercices militaires conjoints entre les forces de Kiev et celles de l'Otan.
"Poutine a évolué, passant d'un désir de coopération avec l'Europe à une méfiance", affirme Maurice Gourdault-Montagne. (Ici, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg, le 25 mai 2018.)

"Poutine a évolué, passant d'un désir de coopération avec l'Europe à une méfiance", affirme Maurice Gourdault-Montagne. (Ici, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg, le 25 mai 2018.)

afp.com/Dmitry LOVETSKY


 "Veulent-ils une guerre généralisée ?" L'inquiétude de l'ex-patron du Quai d'Orsay


Maurice Gourdault-Montagne tance le "jusqu'au-boutisme guerrier" en vogue sur la question ukrainienne. Il plaide pour un dialogue maintenu mais ferme avec la Russie.


L'ancien haut fonctionnaire a le plus beau CV du corps diplomatique français. Ambassadeur de France au Japon, en Chine, au Royaume-Uni, en Allemagne, conseiller diplomatique de Jacques Chirac à l'Elysée, secrétaire général du Quai d'Orsay entre 2017 et 2019... Maurice Gourdault-Montagne a occupé tous les postes les plus difficiles. Et ne cache pas aujourd'hui une certaine inquiétude.  


ENTRETIEN ( l'Express )




Ce qui le préoccupe ? 
La montée d'un discours belliciste en France, au nom des grands principes du droit international. Auprès de L'Express, le grand diplomate défend plutôt la négociation et le maintien du dialogue avec la Russie, quitte à durcir les sanctions si certaines lignes rouges sont franchies. Dans la lignée d'un Dominique de Villepin, dont il est proche. "MGM" fait en outre de l'Allemagne, un pays qu'il connaît bien, le protagoniste clé du changement de ligne de l'Europe sur la politique de défense commune. Une prise de conscience qui figure parmi les principaux enjeux du sommet de Versailles, qui prend fin ce vendredi 11 mars.


" Ce dossier est compliqué, on est dans une zone grise. Il n'y a aucun document officiel écrit. Plusieurs sources confirment qu'oralement, James Baker a dit cela à Gorbatchev. Gorbatchev lui-même le dit, Roland Dumas aussi. L'état d'esprit de l'époque, c'est que l'Otan s'était construit face au pacte de Varsovie, et que puisque celui-ci n'existait plus, alors l'Otan s'en tenait là. Quoi qu'on en pense sur le fond, il faut prendre en compte le ressenti russe sur ce point ". 

Le peuple ukrainien n'a-t-il pas le droit de souhaiter se rapprocher de l'Occident ? Ce n'est interdit par aucun traité international. 

Il y a le désir des peuples, et il y a la diplomatie. Quand Cuba était sur le point de recevoir des missiles sur son territoire, ce n'était pas non plus interdit par le droit international. Mais c'était dangereux. Nous, les Français, avons un penchant pour les questions de principe. "On a raison." D'accord, mais écoutons quand même ce qu'a à dire la partie adverse. Ceux qui, ces derniers jours, sont les tenants du "on a le droit de..." sont des bellicistes. Veulent-ils vraiment une guerre généralisée avec les conséquences que cela engendre ? Cela me fait penser aux éditorialistes d'avant la guerre de 1914, qui voulaient envoyer les Français la fleur au fusil. Déroulède, Barrès.  

Il faut être responsable. Instaurer une zone d'exclusion aérienne en Ukraine, livrer des armes offensives : tout cela ferait des pays de l'Otan des belligérants. Mais si un missile sol-air livré par un pays de l'Otan abat un avion russe avec 300 soldats, quelle sera la réaction ? Avant de faire la guerre, il faut regarder qui est en face : Vladimir Poutine a aujourd'hui tous les traits d'un paranoïaque. Depuis le Covid, il s'est complètement isolé. Ses réactions peuvent être disproportionnées. Ce jusqu'au-boutisme guerrier est donc dangereux. Bien sûr, l'invasion de l'Ukraine est inacceptable. Il faut faire respecter le mémorandum de Budapest de 1994, par lequel la Russie reconnaît l'intégrité du territoire de l'Ukraine. Mais pas en faisant la guerre. 

Comment, alors, résoudre le conflit ? 

Il faut négocier pied à pied, reprendre la main sur l'ordre du jour, reprendre le rapport de force à notre compte petit à petit. Mais pas comme à Munich en 1938, bien sûr. Il faut poser nos lignes rouges. Ne pas perdre le fil du dialogue, dans une logique de donnant-donnant. Organiser une conférence générale sur la sécurité en Europe avec des garanties croisées pour l'Ukraine. Rouvrir les dossiers du statut de Donetsk et de Lougansk comme le président Zelensky semble le faire. Sur la Crimée, pourquoi pas un nouveau référendum sous contrôle international ? Nous avons bien rendu la Sarre à l'Allemagne après un référendum. 

Que peut apporter le sommet de Versailles, ces jeudi 10 et vendredi 11 mars ? 

Le sommet de Versailles est très important pour confirmer la prise de conscience des Européens sur la nécessité d'une politique de défense commune. Il faut penser à durcir les sanctions, s'il le faut. Cela suppose que certains pays, au-delà de l'émotion immédiate causée par l'invasion de l'Ukraine, confirment leur virage stratégique de ces derniers jours.  

Vous semblez en douter...

Non, cela doit simplement être confirmé. Si les sanctions sont durcies à l'égard des secteurs du gaz, du pétrole, il faut bien se rendre compte de ce que ça va produire en termes économiques. Les pays européens y sont-ils prêts ? Si un plan européen est décidé, c'est que l'Allemagne aura bougé sur ces questions. Elle a évolué ces derniers jours.  

Il y a eu, il y a un mois, une conférence de presse commune, à Berlin, entre le président français, le président polonais et le chancelier allemand sur l'Ukraine. Ce "triangle de Weimar", on ne l'avait pas vu depuis longtemps. C'est une bonne chose. Mais l'Allemagne reste un pays largement pacifiste. Sa réaction spontanée va-t-elle se traduire par des investissements sur le long terme ? Je constate qu'aujourd'hui, le débat n'a pas encore eu lieu là-bas. 

Peut-on imaginer un soulèvement du peuple russe pour mettre fin au conflit ? 

On peut tout imaginer, une révolution de palais, une révolte, autre chose. Plutôt à moyen terme, me semble-t-il. Mais la population russe s'est habituée à survivre avec peu, tant qu'il n'y a pas la guerre sur son territoire, elle pourra supporter beaucoup de choses. Surtout, les Russes sont un peuple qui a des idéaux de grandeur, un honneur. Nous évoluons dans des mondes qui ne sont pas les mêmes. 



Il porte une paire de lunettes à la monture fine et arbore le plus clair du temps une cravate à pois. Josep Borrel n'est pas familier des plateaux de télévision, pas plus qu'il ne s'extirpe des cénacles européens. Pourtant, le Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité est, à un degré comparable aux chefs d'Etat et aux généraux, un pion essentiel de cette guerre. Peut-être même le Roi que le Kremlin veut éjecter de l'échiquier. En un temps très court, les pays membres de l'Union européenne sont parvenus à coordonner leur aide militaire à l'Ukraine, envahie le jeudi 24 février par l'armée russe. Un milliard d'euros mis sur la table. Au centre de cette stratégie d'assistance logistique : l'Etat-major de l'Union européenne. Cette structure militaire permanente pilotée par l'Espagnol de 74 ans coordonne les dons d'armement européens en les redistribuant à la résistance ukrainienne.  


Une Russie rondement préparée

Surtout que face aux militaires ukrainiens, les soldats russes préparent l'offensive depuis plusieurs semaines. Déployées dans des bases arrière le long de la frontière à l'Est et en Biélorussie, les troupes se sont attachées à répéter leurs manoeuvres depuis le début de l'hiver et la reprise des tensions entre Moscou et Kiev. L'armée russe dispose d'armes redoutables dont l'Occident ne jouit pas. Utilisés pour la première fois lors de l'opération en Géorgie en 2008, les missiles balistiques russes Iskander-K ont été employés notamment lors les frappes, au début du conflit, sur les aéroports et les aérodromes. Tirés depuis un camion, ils peuvent atteindre une cible à plus de 500 kilomètres. Les missiles Grad ou les armes thermobariques sont autant d'autres équipements que la Russie maîtrise bien plus que le camp européen. Elle les a fabriquées. Elle les a expérimentées en Syrie.  


Pour l'Europe, la voie qu'il reste à emprunter pour soutenir l'Ukraine est de maintenir à flux constant son soutien en équipements. Dans ce sens, deux semaines après le début de la guerre, Josep Burrel a annoncé une nouvelle enveloppe de 500 millions d'euros d'aide militaire, ce vendredi matin. Un geste qui peut compter selon Pierre Haroche : "En étant approvisionné régulièrement en armes, l'Ukraine peut circonscrire sa perte de positions." Si la guerre s'enlise, l'asymétrie des forces peut se réduire. Le temps joue sans doute pour l'Ukraine, mais il charriera son lot de malheurs. 






















 

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