LES ALGUES VERTES
REPORTAGE. Callac a accueilli la première du film Les Algues vertes : « Il se passe un truc »
Les Algues vertes, le film, a été présenté pour la première fois en avant-première, ce vendredi 2 juin 2023, à Callac (Côtes-d’Armor). Un film dont on a beaucoup parlé sur un sujet qui divise. Le retour de la salle a été excellent.
« J’ai refusé plein d’avant-premières à Paris, le faire en Bretagne est naturel », lance Pierre Jolivet, le réalisateur, tout sourire ce vendredi 2 juin 2023.
C’est dans le petit cinéma associatif de Callac, commune de 2 200 habitants à trente minutes au sud ouest de Guingamp (Côtes-d’Armor), que le film Les Algues vertes est diffusé pour la première fois. « Une avant-première mondiale ! » Les places, 150 dans la salle, se sont arrachées. « Le cinéma est en ébullition depuis une semaine », sourit Erwan Floch’lay, le salarié.
Cette diffusion à Callac, c’est un retour de nombreux mois en arrière. « C’est ici qu’on nous a accueillis pour visionner les premiers rushs du film en grand écran. De bons souvenirs. Inès habite aussi à côté. » Bien installés dans les sièges rouges, beaucoup de proches, « mes parents, voisins, sources de mes enquêtes », glisse Inès Léraud, celle qui a inspiré le film avec sa BD à remous Les Algues vertes, l’histoire interdite . Elle est co-scénariste du film.
Dans les pas de la journaliste Inès Léraud
Pierre Jolivet se souvient du moment où il a lu la BD. « Je ne savais pas quel film je pouvais en faire mais en réfléchissant, je me disais que ce qui m’intéresserait le plus est de raconter l’histoire de celle qui a fait cette bande dessinée. Comment on passe trois ans de sa vie à faire ce travail. »
Le film est puissant, invite le spectateur à embarquer dans les pas de la journaliste de radio, Inès Léraud, récemment installée en Bretagne, qui cherche à faire éclater la vérité sur plusieurs morts : celles d’animaux, celle de Thierry Morfoisse, chauffeur mort d’un infarctus en 2009, à Binic, après avoir transporté des algues vertes, et celle de Jean-René Auffray, décédé en 2016, lors d’un jogging le long de la rivière Le Gouessant, entre Hillion et Morieux.
L’épouse de ce dernier, Rosy Auffray, est présente dans la salle, à Callac. Dans le film, son rôle est central et interprété par l’actrice Julie Ferrier. Les noms n’ont pas été changés. « On a seulement changé ceux des adversaires, pour éviter un référé à 48 heures de la sortie du film », explique Pierre Jolivet, animé tout au long du tournage par la recherche de la bonne distance « pour faire du cinéma sans trahir l’esprit, la vérité ».
Des difficultés pour tourner
L’équipe est copieusement applaudie à l’issue de la diffusion. « Je l’ai trouvé très, très beau ce film. Il traite de notre Bretagne depuis les années 1950 », salue Didier. Un long échange s’est ouvert sur les conditions de tournage, « il y a plein d’endroits où on n’a pas eu le droit », et les stratagèmes, parfois, pour les contourner. « On avait un double plan de travail en permanence. Pour tourner dans les rues, on ne pouvait pas toujours arrêter les voitures alors les assistants simulaient des faux accidents de vélo pour gagner du temps. Ça n’a pas non plus été facile de trouver l’argent, car c’est un film qui dérange un peu. »
Des scènes n’ont pas pu se faire. « On avait écrit une grande séquence avec Inès tirée d’un podcast dans une porcherie industrielle, on nous avait accueillis, puis ça a été annulé quelques jours avant. On n’en a trouvé aucune autre en France, ni en Belgique. Les réseaux sociaux marchent dans tous les sens ! »
Mais Pierre Jolivet voulait faire ce film coûte que coûte « pour trois raisons : le travail d’Inès, l’omerta au niveau d’une région, je n’avais jamais rencontré cela, et l’emblème de l’histoire du monde : on a créé, produit et là, avec les algues vertes, on voit qu’on a été trop loin. » Le film sortira le 12 juillet au cinéma : « Le distributeur a une demande colossale. Il se passe un truc. »
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